Affreux, sales et méchants...et fous furieux

Après un premier album sorti en 1982 (« Dirty rotten LP » appelé aussi « Violent pacification »), intéressant mais inégal , bien qu'il posait déjà les bases de la furie D.R.I , le groupe enregistre en 1985 son deuxième opus « Dealing with it » et passe à la vitesse supérieure.
A l'époque peu de groupes peuvent rivaliser en vitesse, violence et en agressivité avec les Dirty Rotten Imbeciles : Heresy, Siege, Deep Wound, Gang Green et quelques groupes du Boston Hardcore , car D.R.I repousse encore d'un cran les limites du punk hardcore tel qu'il existait au début des 80's (Dead Kennedys, Bad Brains...)
Ce « Dealing with it » est un album important pour ne pas dire culte de la scène hardcore US du milieu des années 80.
Les morceaux sont courts (1 minutes voire 2 minutes maxi), ultra violents, rapides (ça va à 1000 à l'heure) avec des textes entre délire de vilains garnements, provocations (humour au deuxième degré) et engagement politique assez basique toutefois.
Du hardcore « adolescent » diront les mauvaises langues (à l'image de la pochette) ; ce n'est pas faux, n'empêche que D.R.I a su encore dépasser les normes d'une musique et d'une révolte qui n'avait que quelques années derrière elle (le punk puis le punk hardcore) ; et il est clair que D.R.I a bien écouté ses classiques Dead Kennedys, Circle Jerks et consorts.
C'est "remarquablement" exécuté, bordélique et chaotique à souhait.
Attention ces types là n'ont jamais prétendu savoir bien jouer.
Les approximations techniques ne me gènent pas sur ce type de musique par contre le petit bémol vient de la voix un peu déficiente et qui parfois a tendance à « déraper » un peu.
Les premiers morceaux sont quasiment les moins bons (et c'est surtout la deuxième partie la plus intéressante) : il faut attendre « Mad Man » pour que ça décolle enfin réellement puis « I don't need society », « Reaganomics », « War Stupid war », « Couch slouch », « Arguement then war » (sorte de hardcore métal des plus réussi alternant passages lourds et passages rapides) ; autant le début de l'album était un peu poussif autant sur la fin le groupe se lache ; les six derniers morceaux sont une tuerie (de « Evil minds » à « Bail out ») en fait il faudrait commencer l'écoute par là ...
Bizarrement et de façon inattendue D.R.I distille déjà ici un titre thrash métal avant l'heure et qui annonce l'avenir du troisième album : « Nursing home blues » mais qui dénote avec le reste de l'album.
Oui c'est bien eux qui dès l'album suivant prendront un virage « crossover » métal/thrashcore et sortiront en 1987 l'album « Crossover » puis « 4 of a kind » intéressants mais le changement de style, trop brusque, parallèle à ceux de Corrosion of conformity et de Suicidal Tendencies aura tendeance à dérouter les fans (bien que « 4 of kind » soit plutôt réussi).
Qu'on aime ou pas peu importe « Dealing with it »est un disque culte qui a influencé de nombreux groupes punk, hardcore et métal et qui a marqué l'histoire du punk hardcore il y a de cela plus de 30 ans.