Songs de Rusko, sorti en 2012, c’est un peu comme une fête improvisée : tout le monde n’y trouvera pas son compte, mais difficile de nier qu’on s’y amuse franchement bien. L’artiste britannique y déploie toute son énergie pour livrer un album débordant de vitalité, à la croisée du dubstep et de l’électro bon enfant. Et même si tout ne fonctionne pas à la perfection, il y a dans ce disque une fraîcheur, une spontanéité qui font plaisir à entendre.
Dès les premières secondes, on est happé par l’univers hyperactif de Rusko. Somebody to Love, par exemple, incarne bien l’essence de cet album : c’est direct, coloré, euphorique. L’artiste ne cherche pas à faire dans la subtilité — et c’est peut-être là qu’il convainc le plus. Il s’adresse à l’instinct, à l’envie de danser, à la joie simple et immédiate que procure un bon gros drop bien placé.
L’ensemble du disque déborde d’une énergie communicative. Même lorsque les morceaux se ressemblent un peu trop, il y a toujours un détail — un sample bien senti, un rythme légèrement décalé, une ligne de basse savamment dosée — qui relance l’intérêt. C’est un album qui ne s’écoute pas assis : il appelle au mouvement, à la fête, à la déconnexion.
On ne va pas se mentir : Songs n’est pas un chef-d’œuvre de complexité. Certains titres tournent en rond, quelques transitions sont un peu abruptes, et l’ensemble manque parfois d’une vraie narration. Mais est-ce vraiment ce qu’on demande à un album de Rusko ? Pas forcément.
Ce qui fonctionne ici, c’est cette liberté presque enfantine, ce refus des conventions, cette volonté de s’éclater en studio. Rusko ne cherche pas à révolutionner le dubstep — il cherche à s’y amuser, et ça s’entend. Il n’a pas peur de flirter avec le kitsch, de simplifier les structures, de pousser les potards un peu trop loin. Et c’est précisément cette audace un brin naïve qui rend le projet attachant.
Il y a malgré tout une forme de frustration. Certains morceaux, comme Skanker ou Whistle Crew, montrent que Rusko a plus d’un tour dans son sac. Il y introduit des variations, des textures inattendues, presque ludiques. On aurait aimé que cette inventivité s’étende à tout l’album. Par moments, Songs donne l’impression de se répéter, de s’enfermer dans sa formule initiale au lieu de l’élargir.
C’est un disque qui aurait pu aller plus loin, plus haut, plus fort. Mais même en restant sur une ligne assez directe, il parvient à offrir un moment sincère, sans prétention, et c’est déjà pas mal.
Songs est une explosion de bonne humeur à l’état brut. Certes, tout n’est pas peaufiné à la perfection, mais l’énergie est là, et elle est communicative. Rusko ne signe pas un disque inoubliable, mais il offre un vrai moment de lâcher-prise, quelque chose de viscéral et de joyeux. Pour ça, il mérite d’être écouté — et pourquoi pas dans une soirée un peu folle où l’on oublie de compter les décibels.
Note : 6.5/10 — Un tourbillon sonore imparfait mais franchement réjouissant.