Sorti en 2012, A Different Kind of Truth marque un événement d’envergure dans la discographie de Van Halen : le grand retour de David Lee Roth, près de trois décennies après son départ. Sur le papier, l’album s’annonce comme une célébration de l’énergie brute du groupe, et dans les faits, il envoie du bois — mais pas sans quelques échardes.
Ce qui frappe dès les premières secondes de l’album, c’est cette volonté de renouer avec l’esprit frondeur et électrique des débuts. Eddie Van Halen, bien que marqué par les années, reste un guitar hero au son aussi tranchant qu’inventif. Des morceaux comme "She’s the Woman", "China Town" ou "As Is" débordent d’une fougue presque juvénile. On sent l’envie de rappeler au monde qui est le patron du hard rock californien.
Cependant, cette débauche d’énergie, si grisante soit-elle, manque parfois de direction. Certains titres s’étirent sans réelle nécessité, donnant l’impression que le groupe privilégie l’intensité au détriment de la précision. L’album aurait sans doute gagné en impact avec une tracklist plus resserrée.
David Lee Roth, toujours aussi cabotin, apporte ce grain de folie théâtrale qui a toujours été sa marque de fabrique. Il n’est pas question ici de performance vocale parfaite, mais plutôt d’attitude. Et là-dessus, Roth ne déçoit pas. Il déclame plus qu’il ne chante, mais il le fait avec une telle personnalité que l’on pardonne facilement ses écarts.
Néanmoins, il faut admettre que son retour ne suffît pas à faire oublier certaines incohérences dans l’écriture des morceaux. Les paroles oscillent entre clin d’œil nostalgique et absurde assumé, ce qui fonctionne… jusqu’à ce que cela lasse.
La production est lourde, voire un peu trop compressée par moments, mais elle sert un propos : faire sonner chaque riff comme un coup de massue. La basse de Wolfgang Van Halen — fils d’Eddie — est bien en place, même si son style plus moderne contraste parfois avec l’esprit old-school de l’ensemble. Cela dit, sa présence apporte une énergie nouvelle, un vent frais qui empêche l’album de sombrer dans la simple redite.
A Different Kind of Truth s’adresse avant tout aux puristes, à ceux qui ont vibré sur Fair Warning ou Women and Children First. Mais il peut aussi parler à une génération plus jeune, curieuse de découvrir ce qu’est un groupe qui carbure à la distorsion et au panache.
Avec ses fulgurances et ses faiblesses, l’album réussit à trouver un équilibre fragile entre passé et présent. On est loin du sans-faute, mais il serait injuste de ne pas reconnaître la sincérité et l’énergie déployée.
Les plus :
- Une guitare toujours aussi spectaculaire
- Le retour d’un frontman iconique
- Des morceaux qui claquent fort et font vibrer
Les moins :
- Quelques longueurs et titres oubliables
- Une production parfois trop écrasante
- Une cohérence d’ensemble un peu bancale
Ma note : 7/10
Un album imparfait, mais généreux. Un retour qui, sans être révolutionnaire, a le mérite d’être authentique et animé par une vraie envie de jouer. Van Halen n’a peut-être pas tout à prouver, mais il rappelle ici qu’il a encore des choses à dire — à sa manière, et c’est ce qui fait sa valeur.