Black Market Music
6.7
Black Market Music

Album de Placebo (2000)

Jusqu'ici, la musique de Placebo ne nous a jamais autant passionnés que lorsqu'on ne l'écoutait pas. Soit, à volume maximum, la tête contre les murs, seule façon d'échapper au baiser vénéneux de ces Nancy boy ou You don't care about us. Aujourd'hui, Placebo est condamné à s'épanouir entre les murs d'une prison de son dans laquelle il s'est lui-même enfermé, et n'a d'autres choix que d'accélérer ses tempos pour en lézarder les fondations et de pousser le volume pour en faire voler les cloisons en éclats. L'entreprise est de taille, mais le groupe n'a jamais été aussi bien armé pour envisager la mener à terme : ainsi canonné de l'intérieur, l'édifice finit donc par se fissurer, laissant alors Placebo respirer, oser même des tempos inédits. "I'm scared", livre en post scriptum Brian Molko sur le dernier titre de Black market music. Il n'a pourtant jamais eu autant de raisons d'être confiant en l'avenir. (Inrocks)


C'est toujours la même histoire. Pressée d'échapper à la chape de plomb familiale et sociale qui la guette, une bande de jeunes se met à la musique et crée un brûlot néopunk, concentré rageur d'influences (Sonic Youth, The Cure) et d'énergie postadolescente. Une sève dont elle use jusqu'à l'étape effrayante du troisième album. Là, gros doute : faut-il boucler la trilogie ou inverser le sens giratoire ? L'ennui, avec Placebo, c'est qu'il n'a pas su choisir. Symptômatiques d'une formule qui s'écaille, les emplettes à son (bon) marché noir s'avèrent donc parfois peu concluantes. Dans le panier, d'éternelles ballades aquatiques et spleenétiques, étirées au kilomètre (Passive/Agressive, American Blue) ou diptyque médical Haemoglobin et Narcoleptic peu inspiré (rimes plates, guitares guimauves etc...). Mais comme tous les fumistes, Molko et ses Droogs finissent par sauver la mise du naufrage, leurs morceaux azimutés à la mélancolie acide faisant encore mouche sur Days Before You Came, un très pop Special K, ou l'habilement claviérisé Slave To The Wage mention spéciale pour le titre. Côté innovation, le trio se met au sampler en introduction de l'hypnotique Taste In Men, ou au rap (!) tourmenté et moite (Spite & Malice), scandé par Justin "One Inch Punch" Warfield. Pour Placebo, l'heure est aux lendemains de cuite, et il faut compter les dents qui restent. Bilan : les gencives tiennent toujours le coup, mais il serait temps de changer ses plombages. (Magic)
Sortie de quasiment nulle part en 1996, la petite bande menée par Brian Molko aura pourtant mis bien peu de temps à se faire une place -à part- sur la scène musicale internationale. L'effet Placebo ? Le retour en force des guitares mêlé à une mélancolie exacerbée, illustrée par un Brian Molko ambigu, un groupe qui passe avec délectation de l'ombre à la lumière à travers ses morceaux. Encensé après leur brillant "Without You I'm Nothing" de 1998, qui leur valut nombre de récompenses et de privilèges, entre autres, une collaboration avec le maître Bowie en personne, le trio nous revient plus assuré que jamais avec un troisième album au titre un brin provocateur : "Black Market Music".

Rappelez-vous le second album, qui s'ouvrait par un "Pure Morning" efficace mais indigeste, et bien figurez-vous que pour celui-là, ils nous refont le même coup : "Taste in Men", aussi bien intentionné qu'il puisse paraitre, est malgré tout le titre le plus faible de ce nouvel album. Pour le reste, Brian et ses acolytes frappent fort, aucune hésitation n'étant permise pour démontrer qu'ils sont avant tout un groupe rock, oscillant entre le punk ou le grunge sans gène comme le prouvent des titres tels que "Special K", "Haemoglobin" ou "Days before you came".
A l'inverse, certains titres portés à bout de voix par Brian Molko vous plongent dans une déprime totale comme "Peeping Tom" ou "Blue American". Néanmoins, on pourrait presque penser à l'écoute de cet album que leur style s’essouffle, que Placebo a peut être fait le tour de la musique qu'il proposait au départ, qu'il est temps pour le trio d'aller creuser ailleurs. Cet album, même s'il impose définitivement le groupe comme valeur sure, marque peut être la fin d'un cycle, le dernier chapitre d'une trilogie entamée il y a quatre ans. Quatre ans pendant lesquels Placebo, grâce à son léger décalage et à son image provocante a toujours su démontrer son talent et poursuivi sa jolie route.(Popnews)

bisca
7
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le 12 avr. 2022

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