Garden Ruin
6.5
Garden Ruin

Album de Calexico (2006)

La pochette du nouveau Calexico, qui représente un merle géant transpercé par les branches d'un arbre gris, fait peur. Joey Burns et John Convertino, les gars de Calexico, ont-ils forcé sur le mezcal de contrebande ? La grippe du merle fait-elle des ravages du côté de Tucson, Arizona ? On oubliera vite cette pochette de cauchemar, qui évoque si mal la musique de l'éblouissant Garden Ruin. Résumons Calexico : depuis dix ans, ce faux duo d'aguerris musiciens arizoniens (Burns aux cordes, Convertino à la batterie) navigue entre folk, musique mexicaine, jazz, post-rock, rock pas post et plein d'autres choses. John et Joey sont les types les plus sympas de la Terre, ils vivent dans la ville la plus sympa de la Terre (Tucson) et ça s'entend dans leur musique. Dans leurs disques, enregistrés pas loin du Grand Canyon, il y a toujours eu des hauts et des bas. Cette fois-ci, il n'y a pas débat : seulement des hauts sur Garden Ruin. John et Joey ont fermé l'auberge espagnole, renvoyé les mariachis, oublié l'avachi post-rock et tout recentré sur les mélodies, les sons de guitares acoustiques et la fougue.Garden Ruin est l'album le plus pop de Calexico. De la pop tour à tour lumineuse, orageuse, inquiète, lascive, qui évoque moins un amalgame d'influences qu'une fluide émulsion. Joey Burns n'a jamais aussi bien chanté, les guitares n'ont jamais aussi bien sonné, la production n'a jamais été aussi fine, un album de Calexico n'a jamais été aussi homogène.
Entre jardin d'Eden et jardins suspendus, Garden Ruin ne ressemble pas à une ruine, mais au contraire à une reconstruction, un grand nettoyage de printemps. Aux premières écoutes, on ne reconnaît même pas Calexico, et c'est un compliment. Au bout de dix ans d'existence, Calexico éclot, tout nouveau tout beau. (Inrocks)


Après une fructueuse collaboration avec Iron & Wine (In The Reins), et probablement au vu du succès de Sufjan Stevens, Calexico s'est mué en véritable groupe de pop, en ce sens qu'il a laissé tomber les instrumentaux mariachis pour ne composer que des chansons. Avec plus ou moins de succès. Car si Garden Ruin n'a à peu près rien à voir avec leurs précédents disques, Joey Burns, John Convertino et leurs acolytes (dont Paul Nichaus, le pedal steel de Lambchop) semblent prêts à tout pour étonner leur petit monde. Ainsi, si Cruel est une ballade à frissonner, Lucky Dime une excursion caressante vers la soul ou Smash une merveille de simple délicatesse, une bonne partie de l'album a le malheur de sonner terriblement mièvre (Yours And Mine, Bisbee Blue, Nom De Plume), voire... comme du Manu Chao (Roka (Danza De La Muerte)). Méconnaissable, Calexico se mue même en pure entité rock sur le très Them Letter To Bowie Knife ou l'improbable All Systems Red, décharge d'électricité dont on ne les pensait pas capables. Un groupe tout neuf, donc, mais qui s'est aventuré bien loin du désert de Tucson et de sa rude simplicité. (Magic)
Parler de Calexico en 2006, ce n'est pas exactement faire preuve d'une originalité folle tant le duo fait régulièrement parler de lui depuis qu'il a abandonné la section rythmique de Giant Sand aux milieu des années 90. Plus d'une décennie plus tard, des tas de collaborations en tout genre (de Collateral à Iron & Wine) et un cinquième album studio dans les bacs, on peut affirmer sans peine que le duo de Tucson a fait carrière et que la "maison" Calexico se porte bien. C'est d'abord une griffe appréciée qui a su occuper un créneau vacant (dépoussiéré le rock mariachi en le mariant avec un songwriting inspiré), c'est aussi un savoir-faire reconnu qui s'exporte bien, en France notamment auprès de Murat et Françoiz Breut (leur côté intello sans doute). La nouveauté c'est que, depuis Feast of Wire, Calexico est devenu un vrai groupe (comprenant 6 membres tous impliqués dans l'enregistrement et les tournées) et qu'il regarde désormais la réalité en face : chanter des popsongs, finalement, ce n'est peut-être pas si mal. Vous ne trouverez donc pas de titres instrumentaux sur Garden Ruin, ni de morceaux à rallonge et encore moins d'aventures hors-piste (excepté, peut-être, le morceau final "All Systems Red"). Mieux, le groupe a rangé sa panoplie Tex-Mex au placard. Exit les rattlesnakes, les mariachis et la Tequila de contrebande pour se concentrer sur le chant et les orchestrations léchées confiées, pour la première fois, au producteur JD Foster (Nancy Sinatra, Richmond Fontaine, Marc Ribot) loué pour son éclectisme et son sens du détail. Ainsi, ce disque fait-il la part belle à une pop acidulée, enrubannée de chœurs et de cordes sixties ("Lucky Dime", "Bisbee Blue", "Open String") qu'aurait pu écrire un Lee Hazlewood ou un Ron Sexsmith (oserais-je dire un Richard Swift ?). Il verse aussi dans un rock lyrique hérissé de grosses guitares et de reverb efficaces quoique convenues ("Deep Down", "Letter to Bowie Knife"). D'autres titres confirment le talent de Burns en matière de ballades feutrées qui font claquer des dents ("Cruel", Yours and Mine", "Smash"), sans oublier, bien sûr, le quota d'exotisme latino "Roka" (chassez le naturel…) et la touche frenchy ("Nom de Plume") qui fait classe et on obtient la recette du succès indie-rock instantané !

Le cœur dans le désert mais les pieds sur terre, la multinationale Calexico s'apprête à réaliser une nouvelle OPA. Impossible d'en dire du mal ou de la détester malgré une production riche, variée mais lisse. Écueil de ceux qui sont installés ou privilège d'artistes affranchis ? Garden Ruin ne tranche pas et ne déçoit pas. Ce qui de mon point de vue n'est pas franchement un compliment.(Popnews)


Ô joie ! Un nouveau Calexico ! Une fois passée cette première réaction, on se penche avec attention sur ces onze nouveaux morceaux et c’est avec un peu de déception qu’on ressort les oreilles du casque.Le style si personnel qui a fait la réputation du groupe s’étiole quelque peu à l’écoute de ce "Garden ruin". Le caractéristique son de batterie, brut et présent, est toujours là, mais on se sent bien loin des contrées nuevo-mexicaines où l'on aimait se retrouver, pour tomber dans un folk-rock américain plus traditionnel. Finies les guitares perçantes, les rythmiques et les arrangements lancinants, sauf peut être sur Roka où le groupe semble revenir à ses premières amours, trompettes mexicanisantes à l’appui !… Dans l’ensemble on est forcé de le reconnaître : on perd l’ambiance. Où sont les grands espaces désertiques et le tiède vent du soir? La qualité n’est pourtant pas absente de ce nouvel opus : les mélodies sont travaillées et souvent accrocheuses, les tempo variés (on passe de la grâce nonchalante de Panic Open String à l’énergie très rock de Letter to Bowie Knife), les arrangements recherchés…Pas de doute c’est un bon album. Mais à ne pas prendre au pied de la lettre pour un Calexico !Malgré cette légère perte de caractère, "Garden ruin" saura sans aucun doute s’apprécier dans la durée, chaque nouvelle écoute apportant son lot de petits plaisirs. Espérons juste que ce changement de direction ne soit pas définitif et que nous retrouverons bientôt les ambiances cinématographiques qui nous faisaient reconnaître la musique de Calexico dès la première mesure! (indiepoprock)  
bisca
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le 19 mars 2022

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