Ce « Going for the one » sort trois ans après le superbe « Relayer », un intermède très long, voire interminable dans les seventies. Mais les musiciens ne sont pas restés pour autant inactifs puisque chacun a sorti un album solo (ça occupe). Bon, les années 70 vont se terminer et Yes ne prend plus de risque, ça, c’était avant. Non, ils font ce qu’ils savent faire le mieux, sans surprise mais avec une belle solidité. Leur musique reste du rock prog’ tout en allant vers une simplification qui tient plus de la pop (« Going for the one », une sorte de rock qui envoie d’entrée…) avec une production plus lisse, peut-être dans l’optique de plaire aux radios. Même le grand Roger Dean n’est plus chargé de la pochette (une hérésie pour les fans !!!), c’est le collectif Hipgnosis qui, la réalise et on a connu ces designers brillants plus inspirés, par exemple avec Pink Floyd. Décidément, l’époque était en train de changer, même les synthés sont de plus en plus présents…Heureusement, on a droit à un « Awaken » magnifique, 15 mn marquées par la douceur des claviers virevoltants de Wakeman, une virtuosité enivrante de la basse de Squire et la guitare de Howe qui a poussé l’ampli à fond. Les trois autres morceaux ne sont, eux, pas entrés dans les annales de Yes, tout en n’étant pas désagréables du tout. On sent bien que le groupe est à un tournant de son histoire, un peu comme Genesis exactement à la même époque, alors que Steve Hackett venait de les quitter. Et un répertoire certes efficace, mais de plus en plus cadrée et pop, se profilait à l’horizon (« Owner of a lonely heart »…). Un album à redécouvrir à coup sûr, rien que pour un « Awaken » majestueux et qui vous envoie illico au 7e ciel.