Le Noise
6.7
Le Noise

Album de Neil Young (2010)

S'il n'en reste qu'un, ce sera lui. Neil Young a beau être le musicien rock le plus obsédé par son histoire, consacrant une énergie folle à exhumer son passé (ses fameuses Archives et les nombreux albums live - de qualité - sortis ces dernières années), il ne le fait jamais aux dépens du présent. Le Canadien est toujours possédé par la nécessité de demeurer vivace, audacieux, pertinent. Chez lui, l'expérience nous l'a appris, la sortie d'un album décevant - comme le très ordinaire Fork in the road l'année dernière - nous garantit qu'il aura à coeur de se surpasser et de nous bousculer sur le suivant. Une intuition que Le Noise confirme amplement. Non qu'il risque avec ce disque qu'on lui reproche, comme ce fut le cas de son label dérouté dans les années 1980, de ne pas « ressembler à Neil Young ». Comment le pourrait-il ? D'autant plus que, cette fois, le jamais aussi bien nommé Loner se présente seul, armé juste de sa voix si caractéristique et de ses guitares. Un disque acoustique comme le producteur Rick Rubin s'en est fait une spécialité, pensez-vous ? Trop simple, déjà vu. Young s'est tourné vers un autre sorcier du studio pour habiller ses nouvelles aventures soniques : son compatriote Daniel Lanois (« habilleur d'espace », avec ou sans Eno, pour U2, Dylan ou Peter Gabriel). Lanois, Le Noise, vous comprenez l'astuce ? Ce qui ne signifie pas - Young en est pourtant capable - que les huit titres ne sont qu'un enchaînement de bruit blanc et de hurlements atmosphériques. Loin de là. Tantôt électriques, tantôt acoustiques, les chansons semblent provenir d'un état de transe durant laquelle Young improvise des croisements de récits autobiographiques en forme de parcours initiatique avec ses indignations sur l'état de la planète. Le tout, enveloppé d'échos et de subtils effets spéciaux, évoquant, grâce à son éternel sens mélodique instinctif, de belles réussites passées sous un jour nouveau. Walk with me (« Suivez-moi ») nous intime-t-il sur le morceau d'ouverture. N'ayez crainte. Et que ses tonitruants power chords ne vous effraient pas : l'émotion et même quelques authentiques douceurs (le magnifique Love and War) vous attendent aussitôt. (HC)

bisca
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le 10 mars 2022

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