La belle désunion
Mic City Sons, dernier album de Heatmiser, résonne comme un adieu sans éclat, un disque suspendu entre la colère contenue de Neil Gust et les murmures désabusés d’un Elliott Smith déjà ailleurs, déjà...
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le 29 sept. 2025
Mic City Sons, dernier album de Heatmiser, résonne comme un adieu sans éclat, un disque suspendu entre la colère contenue de Neil Gust et les murmures désabusés d’un Elliott Smith déjà ailleurs, déjà en partance. Ce disque, sorti en 1996, ressemble à une maison que deux architectes construisent chacun de leur côté, en refusant de consulter les plans de l’autre. D’un côté, Neil Gust, les nerfs tendus, les guitares acérées, une voix qui crie sans toujours convaincre. De l’autre, Elliott Smith, tout en non-dits, en murmures. Heatmiser était un groupe à double cœur, battant à contretemps qui avec cet album, se défait morceau après morceau avec une tension sourde entre deux écritures qui ne se regardent plus. Leur dialogue, s’il en reste un, est fait d’échos plus que d’accords, de silences plus que de convergences. Et pourtant, dans cette désunion naît une forme de grâce bancale : les plus beaux morceaux, comme Plainclothes Man ou Half Right, n’ont rien de démonstratif, mais touchent juste, comme des confessions qu’on n’avait pas prévu de faire. La production, sobre laisse la place au grain des voix, aux silences, aux guitares fatiguées. C’est un disque inégal, certes, mais hanté par l’idée qu’Heatmiser ne pourra pas ou ne voudra pas aller plus loin. Un album crépusculaire d’un groupe, qui ne cherche pas à convaincre, seulement à exister une dernière fois. C’est aussi une énigme musicale : à la fois inabouti et bouleversant, modeste et plein de tension. On y entend des voix qui ne s’entendent plus vraiment, mais qui essaient encore, par respect, ou par instinct, de finir le voyage ensemble. Ce disque de rupture contient la beauté d’un album de fin de cycle. On pourrait dire qu’il est le négatif de ce que sera Either/Or, le chef-d’œuvre solo d’Elliott Smith. Mais ce serait injuste. Mic City Sons existe pour lui-même. Il ne clôt pas seulement un chapitre. Il murmure la suite, sans jamais la nommer.
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le 29 sept. 2025
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