Devendra Banhart est ce troubadour nouveau hippie (comme on dit, nouveau riche) qui chante d'une voix de fausset très convaincante quelques-unes des plus belles mélodies de l'époque (The Good Red Road, tout est dit en moins de deux minutes). Figure de proue malgré lui d'un de ces mouvements foireux dont la presse anglaise fait ses choux gras dès que quelques amis de longue date ont la chance de sortir des albums simultanément (Cocorosie, Joanna Newson, sans oublier leur très supérieur ancêtre Ben Chasny, alias 6 Organs Of Admittance), Banhart va sortir trois Lp's sur une durée courte. Après tout le bien que l'on a dit du premier, Rejoicing In The Hands, on réitère aujourd'hui nos applaudissements. Avec cette voix très aimante, cousine de celle du jeune Marc Bolan lorsque T.Rex s'écrivait alors Tyrannosaurus Rex, Banhart livre un disque obsédant et brillant, tantôt vaguement dilettante, tantôt assorti de quelques fulgurances. Des titres comme At The Hopet Noah évoquent du Herman Düne qui aurait renié le Velvet pour se purifier dans la boue du Gange, Be Kindest une sorte de big-bazar de Michel Fugain reprenant Motown avec trois bouts de ficelle. On doute toujours qu'il laisse dans l'histoire la même empreinte indélébile qu'un Bert Jansch ou qu'un Nick Drake. Mais pour l'heure, ses albums, même s'ils sentent un peu les pieds sales et le fromage de chèvre mal insonorisé, nous conviennent parfaitement.(Magic)
Devendra Banhart aura indubitablement été l'un des acteurs remarquables de cette année 2004. Six mois après "Rejoicing In The Hands" voici déjà "Niño Rojo", comme une confirmation que cette année sera la sienne. On retrouve ici seize morceaux issus de la même session d'enregistrement que son prédécesseur. De fait, il ne faut pas hésiter à parler de double album lorsque l'on évoque ces deux opus. Pour Banhart lui-même, "Niño Rojo" est clairement le fils de "Rejoicing In The Hands".La tâche du chroniqueur n'est pas facilitée par cette proximité : que dire en effet d'un album quasiment identique au précédent aussi bien par la qualité des chansons que par l'ambiance qui s'en dégage ? On pourrait éventuellement ne pas en parler et mieux l'écouter. A trop parler de musique on oublie parfois de l'entendre. Et, ici, on risquerait de ne pas entendre le violon discret de "Little Yellow Spider" , le fingerpicking en mode mineur de "A Ribbon", le piano de "Noah", les oiseaux de "Water May Walk". On n'entendrait pas cette voix, ce folk primitif, qui nous sont devenus si familiers en à peine un an. Ce "Niño Rojo" permet aussi de s'interroger sur la suite de la carrière de Devendra Banhart . En effet, après ces deux albums de 2004 on a le sentiment qu'il a tout de même fait le tour de la question en matière de folknic attitude. On se plaît alors à imaginer ce que pourraient donner ses futures chansons accompagnées par une formation plus classique. Le rock moite de "Be Kind" fournit à ce titre une piste intéressante. Le prochain album nous donnera aussi la réponse à cette autre question : Devendra Banhart, hype ou réel talent ? La barre est placée haut, car l'homme sera forcément attendu au tournant, non pas d'une simple confirmation, mais d'une évolution doublée d'une évaluation de la sincérité de sa démarche. Autrement dit, il lui sera difficile de nous resservir la même recette sans y apporter un peu de nouveauté et ce supplément d'âme qui fait les grandes oeuvres. Souvenons nous qu'à un tournant de sa carrière, Will Oldham nous avait offert un "Arise Therefore" qui balaya le peu de doute qu'on pouvait avoir sur l'ampleur de son potentiel.Mais pour l'instant, taisons nous, écoutons et attendons la suite. (Popnews)
La reconnaissance de Devenbra Banhart à de quoi surprendre un peu tant la folk musique ne fait pas particulièrement preuve d’un retour en grâce tonitruant, mais qu’elle n’a jamais vraiment disparue, rappelons notamment l’album « One foot in the grave » de Beck sorti il y a 10 ans ou la carrière de Mojave 3. La sortie d’une compilation de Nick Drake n’a pas vocation non plus à attiser une nouvelle hype, si ce n’est d’éclairer davantage une filiation dont beaucoup se réclame. Associer ces deux artistes serait un raccourci téléphoné et peu fidèle, Devendra possède une facilité d’écriture assez déconcertante et surtout totalement décomplexée, moins introverti que son illustre prédécesseur. « Nino rojo » est le frère du « Rejoicing in the hands » sorti en début d’année parce qu’il est issu des mêmes sessions d’enregistrement. Prolixe le jeune homme. La sécheresse de la production, très lo-fi, c’est à dire sans véritable production, ne doit pas masquer la finesse et l’aisance d’écriture de Devendra Banhart. Accompagné pour l’essentiel de sa seule guitare, parfois soutenue de discrets instruments (harmonica, orgue, violon, xylophone) il parvient sans difficulté à captiver l’attention de l’auditeur. Est-ce ces boucles d’accords simples ou la voix au trémolo si doux, si soyeux qui opère ce charme? Il s’avère de toute façon confondant d’élégance. Contrairement à son jumeau, Nino rojo n’a rien de sombre, c’est un disque plutôt bariolé, féerique, avec ses zones d’ombres et de mélancolie. Il y a quelque chose d’enfantin dans ces comptines, un coté immédiatement accessible et personnel. La suite dans trois mois ? (indiepoprock)