No Color
6.7
No Color

Album de The Dodos (2011)

On peut se souvenir du mystère printanier qui nous avait saisit à l’écoute de Five Roses (2007) de Miracle Fortress. Oui, il faut se saisir de ce souvenir à l’écoute du quatrième album de The Dodos. Les deux groupes partagent cette insondable énergie qui manie le soleil comme la lune la plus froide. Toutes les chansons de No Color – un titre paradoxal – sont de véritables victuailles sentimentales, des impressions fortes. Ce bouquet de parfums et de mélodies n’attend pas, il se projette contre nous. Il n’y a aucun effet de surprise, ce disque est un chemin que l’on connaît déjà. Mais chaque promenade se révèle à part. Finalement, ce titre, No Color, c’est cela : une saturation de couleurs qui dérive vers l’abstraction, de même que lorsqu’une forte émotion nous frappe, on ne ressent plus rien, alors on se laisse conduire : Going Under et son refrain lumineux exige mille écoute. Pas une de moins. When Will You Go demeure ce statuaire du romantisme, une composition envoûtante comme une petite morsure flanquée contre la peau de l’adorée. Les bousculades rythmiques de Sleep nous secouent comme il le faut. Hunting Season se révèle une agression adorable, tout en percussions magiques. La musique de The Dodos a toujours oscillé entre Eros et Thanatos, le sexe trempé dans l’ombre comme le disait Georges Bataille. Cette réversibilité était incroyable sur Visiter (2008), moins prégnante avec le bloc Time To Die (2009). No Color illumine une nouvelle confession, Eric Long, Logan Kroeber et le producteur John Askew (présent sur Visiter et de retour avec le duo) délivrent tout en douceur et en intensité des chansons empoisonnées de mélancolie et d’amour. Peu importe donc si ce sentier semble trop balisé, ce qui fait l’importance de ce disque, c’est qu’il nous rend le privilège de ne pas l’oublier. (magic)
La sortie il y a 2 ans de "Time to Die" avait divisé, y compris au sein de la rédaction d'Indiepoprock. Certains y voyaient un groupe saisir pleinement son potentiel mélodique là où d'autres n'y trouvaient qu'un pâle successeur de leur brillant second album "Visiter" (ndr : ce sont les seconds qui ont raison, "Visiter" est un chef d'oeuvre à écouter de toute urgence). A première vue, le groupe semble avoir suivi l'opinion des déçus puisqu'il retrouve ici sa formule duo initiale ainsi que le producteur John Askew, déjà aux manettes sur "Visiter". Ce serait juger ce "No Color" bien hâtivement que de se limiter à cette conclusion.Dès l'introduction du morceau d'ouverture, le tonitruant Black Night, le groupe rassure les déçus du précédent album sur ce qui les avait probablement le plus chagriné : les percussions. Elles reprennent leur place centrale dans la musique des Dodos ; la folie est de retour et l'énergie dévastatrice du tandem refait surface. Cependant, ce n'est pas un retour en arrière que nous offre the Dodos, mais un bilan de compétence où l'ensemble des points forts sont mis en avant : la simplicité mélodique insufflée dans "Time to Die" assure cette fois l'équilibre précaire entre les voltiges aussi bien vocales qu'instrumentales de Meric Long et les rythmiques syncopées de Logan Kroeber. S'ensuivent des morceaux protéiformes, en mutation permanente, tantôt fougueux, délicats ou mélancoliques, pouvant passer comme Going Under d'une douce brise d'été au déluge en quelques secondes, toujours sur le fil, entre la tentation de faire exploser tous les cadres et celle de rester direct et agréable aux oreilles. Cette tension permanente provoque des étincelles, attisées notamment sur Good par les jappements de Neko Case (la rouquine apportant son joli timbre à plusieurs morceaux), ou par des cordes délicates sur Companions, peut-être le morceau le plus touchant de l'album. Si les fans respectifs des deux albums précédents auront peut-être des pistes favorites légèrement différentes, l'album dans son ensemble, devrait réussir aisément à réunir les deux camps... Et plein de nouveaux adeptes dans la foulée qui pourront enfin apprécier à l'unisson ces drôles d'oiseaux. (indiepoprock)

bisca
7
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le 22 mars 2022

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bisca

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TristanI
7

http://funkyoudear.com/2011/03/14/the-dodos-no-color/

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