Emmené par le génial Peter Hammill, Van Der Graaf Generator est un groupe qui a marqué l'histoire du rock progressif , ici on a affaire à ce que ce courant musical peut produire de meilleur.
Pour moi il s'agit ni plus ni moins que du deuxième meilleur album de rock progressif de l'histoire derrière « In the court of the Crimson king » mais devant « Close to the edge » et « Nursery cryme » (rajouter « Thick as a brick » et vous avez le top 5 , je mets à part Magma et Pink Floyd)
Rock progressif atypique aux antipodes de Yes « Close to the edge » car VDGG mélange passages cools et passages angoissants voire hystériques, pleins de tensions (le saxo et la voix de Peter Hammill y sont pour beaucoup), c'est assez destructuré/désarticulé mais c'est aussi ça qui apporte un plus car ici on est surpris sans arrêt .
On est davantage dans l'hystérie que dans la « beauté » purement esthétique, comme l'impression de naviguer sur un bateau ivre !
Robert Fripp de King Crimson vient apporter son concours (guitare) à ses collègues (King Crimson comme VDGG sont d'ailleurs les deux groupes qui bousculent le plus les codes du progressif « traditionnel »).
Avec « Lemmings » on navigue entre rock progressif et free jazz , ce morceau donne le ton même si le meilleur reste à venir.
« Man-Erg » est le morceau phare de l'album, ça démarre cool au piano mais au bout de 3 minutes VDGG nous propose un break hallucinant où Peter Hammill hurle comme un possédé sur un musique stridente, répétitive et emmené par un binome clavier/saxo (du grand VDGG) puis après 3 minutes le groupe reprend son rythme « normal » pour remonter très vite mais progressivement en tension. Le final est à la hauteur ; un morceau tout simplement grandiose.
« Eyewitness » est le troisième et dernier morceau, le plus long (plus de 20 minutes), divisé entre plusieurs parties et donc plusieurs ambiances toujours entre cool/planant et hystérie/tension et parfois presque psychédélique .
Ce n'est jamais ennuyeux car VDGG alterne à merveilles les atmosphères contrastées.
Là encore on a droit à un passage hallucinant avec une sorte de musique de fête foraine complètement déjantée où Hammill hurle comme un dément.
Tout simplement le meilleur album du groupe , leur chef d'oeuvre, et tout simplement ce qui se fait se mieux (et de plus original) en rock progressif, une innovation musicale qui crève les oreilles de la première à la dernière minute .
Trois grands morceaux, jamais ennuyeux, toujours créatifs, expérimentaux dans le bon sens du terme (avec des trouvailles tout au long du disque) et qui repousse les limites du genre , une sorte d'aboutissement, l'impression qu'on ne pourra pas aller au delà.
Sans doute l'album de rock progressif le plus délirant et le plus « fou » jamais enregistré.