Il y a des albums qui ne crient pas, qui ne cherchent pas à conquérir le monde à grands coups de refrains martelés ou de riffs enflammés. Rooms Filled With Light de Fanfarlo fait partie de ceux-là. C’est un disque qui chuchote à l’oreille, qui préfère l’éclat diffus d’une lampe de chevet à la lumière crue des projecteurs. Et c’est précisément ce qui m’a plu — même si, parfois, j’aurais aimé qu’il se lâche un peu plus, qu’il ose la fulgurance. D’où mon 7/10 : un bel album, qui frôle parfois l’excellence mais reste un peu trop sage pour vraiment s’élever.


Écouter cet album, c’est comme entrer dans une pièce remplie de souvenirs flous, d’objets familiers baignés dans une lumière d’aube. Les synthétiseurs, omniprésents mais jamais pesants, dessinent des paysages à la fois rétro et futuristes. On pense à une ville sous la pluie, à un train de nuit qui traverse une campagne endormie. Les morceaux s’enchaînent comme des chapitres d’un roman sensoriel — "Lenslife", "Tunguska", "Feathers"… tous portent une charge émotionnelle discrète mais palpable, comme si Fanfarlo voulait parler d’émotions sans jamais hausser le ton.


Il y a une poésie discrète dans ces compositions, une douceur dans la voix de Simon Balthazar, qui semble raconter des histoires qu’on ne comprendra jamais tout à fait. On devine des fragments de science-fiction, des éclats d’intime, une fascination pour les phénomènes invisibles. L’album joue constamment sur cette tension entre la chair et la machine, entre le battement du cœur et le clignotement d’une diode.


Mais cette retenue, si belle soit-elle, finit parfois par brider l’élan. Il manque peut-être une étincelle de folie, une prise de risque plus nette, une faille dans cette belle architecture sonore. À force de lisser les angles, Fanfarlo rend son univers un peu trop confortable, là où l’émotion aurait pu gagner en intensité si elle avait été moins contenue.


Cela dit, je reviens souvent à Rooms Filled With Light. C’est un disque qui accompagne bien les nuits calmes, les pensées qui vagabondent, les trajets solitaires. Il ne cherche pas à tout bouleverser, mais il sait toucher juste avec pudeur, et c’est déjà beaucoup. Un album pour ceux qui aiment les demi-teintes, les éclats doux et les rêves éveillés.

CriticMaster
7
Écrit par

Créée

le 14 avr. 2025

Critique lue 3 fois

CriticMaster

Écrit par

Critique lue 3 fois

Du même critique

Battlestar Galactica
CriticMaster
9

Le pouvoir sous pression : politique en apesanteur

Battlestar Galactica (2004) n’est pas seulement une série de science-fiction, c’est un laboratoire politique sous haute tension. Si je lui ai mis 9/10, c’est parce qu’elle réussit à conjuguer tension...

le 3 juin 2025

2 j'aime

Des abeilles et des hommes
CriticMaster
9

Le bourdonnement d’un monde en péril

Aujourd’hui, je vais vous parler d’un documentaire qui m’a profondément marqué : Des abeilles et des hommes, réalisé par Markus Imhoof en 2013. J’ai choisi de lui attribuer la note de 8,5 sur 10, et...

le 30 avr. 2025

2 j'aime

The Big Bang Theory
CriticMaster
7

Entre brillance conceptuelle et limites structurelles

The Big Bang Theory (CBS, 2007) s’est imposée comme l’une des sitcoms majeures des années 2000-2010, en grande partie grâce à son concept original et à sa capacité à intégrer la culture scientifique...

le 12 juin 2025

1 j'aime