Si on m'avait dit un jour que ma version préférée d'une symphonie de Mahler était Rattle, je ne l'aurais pas cru ! Je n'aime pas particulièrement ce chef, surtout sur du Mahler, trop clair, trop faible, on ne sent rien à l'écoute. Pourtant en écoutant cette version de la 9ᵉ, j'ai été bouche bée. Quelle retenue sur le début du premier mouvement ! La fébrilité de Rattle ressort ici comme une évidence, comment ne pas voir Mahler, vieux et malade au fond de son fauteuil ? Puis, les contrastes frappent, les images sont fortes. Les épisodes violents du premier mouvement sont appuyés sans être de mauvais goût, nous sommes frappés par des cuivres menaçants. Le landler est conduit brillamment ici, une danse déjantée qui s'emporte, on se croirait presque dans La Valse de Ravel, les cordes glissent avec une telle énergie, c'est un sans faute. Ensuite le Rondo Burleske, qui trop souvent sonne brouillon avec une telle densité d'orchestre et ses contrepoints de partout. Rattle en spécialiste de la clarté d'orchestre excelle réellement dans ce mouvement où toutes les couleurs et tous les détails sont perceptibles. Rattle donne à ce mouvement une simplicité déconcertante que nous sommes obligés de féliciter. Le trio qui appelle le IV nous fait vibrer et ses cordes qui semblent s'échapper ne nous laissent pas indemnes. Enfin l'adagio finale clôture cette symphonie. Les cordes rugissent sans pour autant paraitre insolentes et grasses, le cor plane au-dessus de la masse orchestrale sans être trop agressif (défaut de beaucoup de versions). On se croirait chez Wagner. Enfin, peu à peu, le silence fait place, nous laissant dans un état de statisme et de tension indéfinissable. Mahler accepte-t-il sa mort ou a-t-il enfin trouvé sa guérison ? C'est un sans-faute de Rattle.