Les aléas de la distribution des disques font que nous autres Français avont dû attendre cette année pour découvrir Elliott Smith à travers ses quatres albums en solo. Seul le dernier en date, "XO", nous est livré en temps et en heure. Que les choses soient claires : "XO" est un chef-d'oeuvre. La richesse des orchestrations, la variété des rythmes et des mélodies, en font un album sans aucun doute plus ouvert, moins oppressant que les précédents. Mais qu'on se rassure, les qualités qui font d'Elliott Smith le meilleur songwriter du moment sont toujours présentes. Une écriture incarnée, simple et directe, une sensibilité qui ne connaît ni pathos ni amertume. Des mélodies d'une pureté et d'une limpidé extrême. Et la voix... ce chant pur et aérien, à la fois fragile et serein, ces somptueuses harmonies vocales. Tout y est, plus que jamais. Sur le précédent album ("Either/Or"), on avait déjà noté l'intervention des guitares électriques et d'une batterie. Avec "XO", un nouveau cap est franchi. Un piano présent quasiment sur tous les titres, et qui joue même parfois les premiers rôles ("Waltz #1"). Cordes et cuivres pour orner les refrains. Elliott Smith a élargi sa palette pour exposer ses mots avec encore plus de nuances. Qu'on se retrouve en campagne anglaise dans un pré qui n'aurait pas déplu aux Beatles ("Baby Britain"), ou lorsque qu'Elliott s'en va en courant ("Bled White"), tout n'est qu'équilibre et maîtrise. Elliott Smith a ouvert un peu les fenêtres pour laisser entrer le vent et la lumière. Moins de "Fuck me songs", plus de chansons sur ceux qui l'entourent ("Waltz #2") ou d'histoires où l'on entrevoit des raisons de s'en sortir. On ose même parler d'espoir... Il aurait pu continuer dans la même veine que ses oeuvres précédentes sans qu'on y trouve à redire. Mais il a choisi d'être encore plus grand, d'aller sur des chemins qu'on lui croyait étrangers. Elliott Smith entre sans faire de bruit dans le monde des géants. Et il y est pour longtemps. Hugs and kisses to you, Elliott.(Popnews)
Depuis le jour où on a entendu sa Ballad Of Big Nothing, on tient Elliott Smith pour le plus brillant songwriter du moment. Révélé grâce à son magnifique troisième album (Either/Or) – que le réalisateur Gus Van Sant eut l'heur de compiler pour son film Will Hunting –, le chanteur américain publie en cette rentrée son premier disque pour une major, la prestigieuse compagnie de Steven Spielberg. Et le résultat est tout simplement stupéfiant. Extraordinaire, même. Comment envisager autrement ces quatorze chansons à nulle autre pareille ? Qu'il vous suffira d'écouter une première fois pour comprendre l'importance d'icelles. Passée une aimable entrée en matière, la bien-nommée Waltz #2 – une valse à l'acoustique ondoyante, à la simplicité désarmante – propulse l'album vers de très hautes cimes, desquelles il ne redescendra plus. Nanti d'un relief mélodique insensé, XO possède même son sommet infranchissable. Car il faudrait être effectivement sourd pour ne pas frissonner à la beauté inouïe de Waltz #1, la chanson que Thom Yorke rêve d'écrire. Sidérant et régulièrement bouleversant, Elliott Smith sait également se montrer plus prosaïque, avec des morceaux aussi tubesques que Bled White et Bottle Up And Explode!. De sorte que parler à propos d'XO d'album de l'année relève d'une évidence tellement criante que l'on se bornera de mentionner le caractère parfaitement addictif de ce très grand disque. (magic)