Un début de run épique !

Après le run de bonne facture bien qu’inégal de Robert Venditti (50 numéros quand même), l’excellent Matt Kindt reprend les rênes de l’un des fleurons de Valiant Comics en la personne d’Aric de Dacie, le X-O Manowar. Contrairement à la série précédente (dont la connaissance n’est pas un prérequis pour se lancer) qui se déroulait essentiellement sur Terre, Kindt décide de tout changer et de transporter son héros sur l’étrange planète Gorin où trois tribus se mènent une guerre féroce. Aric va être malgré lui être impliqué dans ce conflit et devoir sortir l’armure du placard.

Matt Kindt prend le parti d’ancrer sa série dans un space opera fiévreux et violent, mâtiné d’un soupçon de fantasy. Le tout fonctionne immédiatement, notamment dans un jubilatoire premier numéro de très haut niveau. Il est bien aidé par l’artiste Tomás Giorello qui livre une prestation tout simplement sublime. Dans un découpage néo-classique du plus bel effet, Giorello donne vie en quelques pages à un univers foisonnant et original. Ses personnages sont impressionnants et le rendu de certaines scènes est à proprement parler grandiose. On sent vraiment le gros boulot préparatoire évoqué par Kindt en postface pour rendre l’univers crédible. La seconde partie dessinée par Doug Braithwaite, maintenant bien connu des amateurs de Valiant, est également très bonne mais comparativement plus attendue.

Kindt reprend certaines thématiques héritées de la précédente mouture du héros en les transposant dans un nouvel univers. S’il parvient à garder ce qui rend le personnage d’Aric si attachant, il lui adjoint également une stature presque mystique, le rapprochant d’un Conan ou d’un Mad Max. Sa vertigineuse ascension - presque malgré lui (pas de spoil, tout est dans le titre du tome, « De soldat à général ») - se suit avec un plaisir sauvage et à un rythme effréné.

C’est peut-être là le seul vrai reproche à faire au titre, cette aspect très compressé qui donne un peu la sensation que tout se fait trop vite. Kindt distille énormément d’éléments qui mettent l’eau à la bouche quant à l’univers qu’il façonne et ce serait vraiment dommage ne de pas prendre le temps de plus les creuser. À voir dans la vingtaine d'épisodes restant.

Contrat rempli donc pour ce relaunch presque parfait jusque-là. Matt Kindt démontre encore une fois sa capacité à raconter d’excellentes histoires et à en plus ici créer un univers ultra immersif. S’il parvient à aller au bout de toutes les idées entrevues dans ce premier tome alors on pourrait tenir là une série incontournable.