Superman Red Son est l'un des comics qui m'avait été conseillé lorsque je disais que je trouvais les supers héros cons. Là l'aspect uchronique est intéressant ainsi que le fait qu'il n'y ait pas quinze mille tomes, mais juste un seul regroupant les trois segments de l'histoire. Mais bon, j'ai quand même l'impression d'un beau gâchis et qu'il y avait tellement plus à faire.
Bon déjà graphiquement je trouve ça quelconque, comme c'est très souvent le cas avec les BD et encore plus avec les comics. Disons qu'il n'y a pas une identité visuelle forte alors que faire se dérouler l'histoire en URSS aurait justement pu permettre d'adopter beaucoup plus les codes de la propagande soviétique. Donc clairement ce n'est pas fondamentalement très agréable à lire rien qu'à cause de ça.
Mais ce qui compte le plus ici, on va dire, c'est l'histoire alternative qui est proposée et franchement, autant je comprends le principe de faire des méchants les gentils et inversement, autant c'est également assez banal. Vu que Superman tombe en URSS le seul qui peut rivaliser avec lui devient Lex Luthor, sa Némésis. Et donc forcément tout ceci paraît bien moins manichéen que d'habitude vu qu'on n'allait quand même pas dire du bien du régime soviétique, donc forcément si quelqu'un s'y oppose, c'est quelqu'un de meilleur que s'il s'opposait à l'Amérique. Mais j'apprécie l'idée.
Par contre au niveau de la narration, il y a des ellipses qui rendent le tout assez peu digeste, notamment entre les différents segments. Et donc au début de chacun d'entre eux on a un beau bordel qui a du mal à retomber sur ses pattes et à être intéressant. Parce qu'en fait clairement le bouquin n'exploite jamais pleinement le fait que Superman soit soviétique, il n'y a pas ou alors c'est tellement léger que c'est plus gênant à lire qu'autre chose tant c'est simpliste d'exploitation de l'idéologie communiste. J'ai l'impression que le communisme est quasiment résumé à une blague d'OSS 117 qui disait que la dictature c'est quand les gens sont communistes et portent des vêtements gris...
Il n'y a si je ne m'abuse qu'un seul dialogue qui parle du fait d'avoir un surhomme au pays où tout le monde nait égal.
Ici on s'en sert juste pour dire qu'on a Superman qui s'oppose aux USA et donc les USA utilisent volontiers Lex Luthor et lui donnent les pleins pouvoirs pour arrêter Superman. Il n'y a pas réellement de réflexion sur l'analogie entre les deux systèmes politiques puisque l'URSS devenu quasiment un gouvernement mondial est une dictature et l'Amérique de Luthor également. Tous les deux dirigent de manière à ce que ce qui est le mieux d'après eux soit fait et ils y arrivent... (et même Luthor semble plus enviable car américain). Mais on n'en fait rien, on te dit : « voilà c'est comme ça », mais c'est tout.
Ah et la fin, moarf, ça sent la fin de petit malin pour laisser un truc marquant au lecteur alors que clairement ça n'apporte rien si ce n'est une ultime bafouille pour faire semblant que c'est trop pensé et trop réfléchit afin de séduire un public adolescent...
C'est pas déplaisant à lire, mais c'est clairement vain...
Ah et toutes les références aux autres personnages DC, j'ai trouvé ça très moyennement intégré à part peut-être Batman, mais Green Lantern ou Wonder Woman, boarf... ça fait quand même un peu : « il faut qu'on les mette sinon on va nous demander ce qu'ils faisaient à ce moment là ».