« L'aventure de Batman qui avait le meilleur potentiel cinématographique » selon Christopher Nolan, « la plus ambitieuse qui ait vu le jour » selon David S. Goyer. Effectivement, Un Long Halloween possède une aura unique dans le monde du comics. Pourtant, sans aller jusqu'à dire que le comics dont il est question ici est mauvais, loin delà, je dois bien avouer que j'en suis ressorti plutôt déçu.
La faute, déjà, à un format comics qui se fait justement trop ressentir : des chapitres relativement courts, avec des personnages sans cesse réintroduits, pour un final qui ne fait que nous teaser la suite en boucle. Aussi, la présence de certains méchants est un peu gratuite : Ivy disparaît aussi vite qu'elle est apparue et le duo de l'épouvantail et du chapelier fou n'ayant aucun intérêt (surtout le chapelier fou bordel ! pourquoi l'avoir foutu là-dedans ?). Là encore, le rythme du livre joue contre lui. C'est d'autant plus dommage que l'introduction et la conclusion, elles, sont très bien rythmées, avec une fin qui sait nous donner assez de réponses pour que ce ne soit pas frustrant, tout en laissant planer le mystère, instiller quelques doutes, afin de ne pas fermer toutes les portes… qu'Amère Victoire saura exploiter, je suppose.
Au niveau du dessin, si Tim Sale arrive à ne pas perdre le lecteur dans l'espace, à créer une action fluide, possède son style bien marqué, rappelant l'expressionnisme allemand par moment ; reste que je n'ai pas autant accroché que ceux de David Mazzucchelli pour Year One (The Long Halloween en est d'ailleurs la suite)… en fait, je crois même que je préfère les dessins de Miller sur The Dark Knight Returns : imprégnés d'une certaine radicalité, tout aussi brutes que le caractère du chevalier noir… bon après ça reste quand même mieux que ceux du laid Killing Joke. À noter que les pages de présentation des nouveaux chapitres sont, quant à elles, irréprochables.
Rester à rappeler l'influence qu'a eu le comics sur le meilleur film Batman sortit à ce jour, The Dark Knight, ainsi que sur la trilogie de Christopher Nolan en règle générale. Force est de constater que le pacte que font Batman, Harvey Dent et Jim Gordon, le triumvirat, rappelle forcément celui du deuxième film de sa trilogie. La descente en enfer de Dent ne faisait qu'accentuer cela (avec un peu plus de subtilités dans Un long Halloween ceci dit), et ce fameux « je crois en Harvey Dent » revenant dans les deux œuvres. Idem pour le rôle et la présence des mafieux, avec ce basculement de Gotham, des mains de la pègre à celles de méchants plus « bariolés » et iconiques de la saga.
À lire donc, même si, de mon point de vue de néophyte, il ne s'agit pas de l'incontournable qu'on nous vend pour autant, ni même du meilleur Batman.