Dans un rayon de soleil
7.6
Dans un rayon de soleil

Roman graphique de Tillie Walden (2019)

Les filles pleurent aussi dans l'espace

Je suis plutôt déçu.


La construction en flashback ne me séduit pas en général ; là y avait quand même des petites choses intéressantes, sauf que le récit n'avance pas vraiment. Mais au fond c'est peut-être sa force, l'occasion de faire connaissance avec les personnages. Mais ce n'est pas vraiment le cas non plus : les scènes sont longues mais les relations sont assez faciles, d'ailleurs le lien d'amitié qui se tisse, on ne le voit vraiment pas venir, on ne comprend pas pourquoi l'héroïne est soutenue à ce point par ses camarades alors qu'elles n'ont pas vécu grand chose ensemble.


L'intrigue prend un gros coup lorsque l'objectif principal se met enfin en place : on découvre qu'on est dans une mission de secours, pas vraiment original, dont le déroulement sera un peu trop facile et convenu. On retiendra l'originalité de l'univers, mais pas celle du récit. Et pour revenir à l'univers, ce qui le rend intriguant, ce sont les termes employés ainsi que les objets technologiques (genre le vaisseau ressemble à une sorte de créature volante, voir un phallus vivant gigantesque) et enfin le fait que l'auteure ne développe pas beaucoup et laisse donc planer beaucoup de mystère (ce qui permet à chacun d'imaginer des choses). C'est bien foutu, mais on en veut un peu plus. Et au bout du compte on se demande si c'était bien nécessaire de situer l'action dans cet univers inconnu, si au fond, tout cela n'était pas que de l'esbroufe pour cacher une trame mal construite, mal rythmée.


Visuellement, c'est déjà plus plaisant. Et encore. Parce qu'en fait, les personnages ne sont pas toujours bien représentés, bien articulés. L'auteure s'inspire du style manga, en soi ça ne m'a pas dérangé, car elle ajoute un style un peu lâché, plus spontané ; le souci, c'est quand elle tente de reprendre des poses aguichantes mais qui sont un peu foireuses. Reste quelques jolis dessins composés de personnages malgré tout. Mais on saluera surtout le travail sur les décors, sur la lumière aussi. Oser mettre autant de noir et laisser le spectateur comprendre la vignette par lui-même, c'est gratifiant (marre de ces halos pour dégager un personnage d'un fond trop sombre). De plus, la palette de couleurs est sobre et diablement efficace pour créer des ambiances mémorables, ajouter un côté 'fin du monde' à certaines séquences. Et grâce à ce travail sur la couleur et la lumière, on oublie un peu parfois les problèmes de proportions et d'attitude des personnages. Les compositions sont également solides ; quand l'auteure propose plusieurs planches en une case, avec de magnifiques décors, on se sent impressionné.


L'un dans l'autre, ça se lit, on veut avoir le fin mot de l'histoire... c'est juste que c'est ultra décevant d'en arriver à quelque chose de si convenu et si gentil. Mais ça se lit bien (au moins une fois - on verra si la relecture dans quelques années sera toujours aussi agréable)).

Fatpooper
6
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le 26 mai 2019

Critique lue 511 fois

7 j'aime

Fatpooper

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