Elektra
7.4
Elektra

Comics de Frank Miller et Bill Sienkiewicz (1989)

Maintenant, c’est devenu évident : Elektra n’est pas seulement une variation sur l’assassin iconique de Marvel. C’est une descente dans l’inconscient, une œuvre qui déconstruit le langage même de la bande dessinée. Si Frank Miller en écrit la structure narrative, c’est bien Bill Sienkiewicz qui, par ses images hallucinées, fait exploser les cadres et transforme chaque planche en tableau.


La confusion n’est pas un accident : elle est la matière même du récit. Elektra, figure tragique par excellence, n’avance pas dans une intrigue claire mais dans un labyrinthe visuel. Les collages, les éclats de peinture, les silhouettes qui se dissolvent dans l’ombre traduisent son statut d’héroïne hantée, toujours entre vie et mort, ordre et chaos. Ici, la violence n’est pas seulement physique : elle est graphique, symbolique, presque mystique.


On retrouve chez Miller son obsession pour la corruption et la fatalité, mais filtrée à travers le prisme expressionniste de Sienkiewicz, cela devient autre chose : une mythologie baroque, où chaque combat ressemble à un rituel sacrificiel. Elektra n’est plus une simple tueuse. Elle est une icône, une victime et une divinité de sang, figée dans une danse tragique.


Le lecteur n’assiste pas à une histoire, il traverse une expérience sensorielle, où l’œil se perd, où le sens se dérobe, mais où reste une intensité brute. Cette intensité, c’est celle de la bande dessinée qui s’affranchit du récit classique pour devenir peinture, poésie, cauchemar.


Résumé : Elektra est moins une aventure qu’une œuvre expérimentale : un cri visuel et narratif, où Miller et Sienkiewicz élèvent la bande dessinée au rang de vision.


⚔️ Une tempête d’images et de symboles, où l’héroïne renaît comme mythe tragique et immortel.

JeanBonPuree
8
Écrit par

Créée

le 9 sept. 2025

Modifiée

le 9 sept. 2025

Critique lue 1 fois

Jean!Bon!Puree!

Écrit par

Critique lue 1 fois

D'autres avis sur Elektra

Elektra
arnonaud
9

Critique de Elektra par arnonaud

J'avais déjà adoré la collaboration de Sienkiewicz et Miller sur Daredevil Love & War qui est un pur chef-d’œuvre, donc c'est avec une assez grande joie que je me suis jeté sur cet album étrangement...

le 26 avr. 2014

4 j'aime

2

Elektra
Presence
10

Lait, batteur à oeufs et mayonnaise

Ce tome regroupe les 8 épisodes de la minisérie initialement parue en 1986/1987. Quelque part dans un asile de San Conception, un pays d'Amérique du Sud, une jeune femme subit l'incarcération...

le 5 sept. 2019

1 j'aime

Elektra
Hellzed
8

De la mythologie

Elektra Assassin fait partie de la période faste et furieuse de Miller qui va de Ronin en 83 aux balbutiements de Sin City en 93, en passant par The Dark Knight Returns et Daredevil Born again. Une...

le 17 nov. 2015

1 j'aime

Du même critique

Labyrinthe
JeanBonPuree
6

Critique de Labyrinthe par Jean!Bon!Puree!

Avec Labyrinthe, Feu! Chatterton continue de creuser son sillon entre rock lyrique et chanson poétique. La plume d’Arthur Teboul conserve cette densité littéraire, parfois enivrante, parfois trop...

il y a 7 jours

4 j'aime

Takopi's Original Sin
JeanBonPuree
4

Critique de Takopi's Original Sin par Jean!Bon!Puree!

À première vue, ce récit semble jouer la carte de l’étrange à l’innocence : un alien rose venu répandre la joie auprès d'une fillette en souffrance. Mais très vite, la série fait basculer le bizarre...

le 14 août 2025

2 j'aime

DON’T TAP THE GLASS
JeanBonPuree
5

Critique de DON’T TAP THE GLASS par Jean!Bon!Puree!

J’étais curieux de voir jusqu’où Tyler irait après ses précédents projets audacieux, et j’avoue avoir été un peu déçu. L’album foisonne d’idées, mais elles ne se transforment pas toujours en chansons...

le 24 juil. 2025

2 j'aime