Déçu par cet album. Il se suit sans trop de problème mais il n'est pas très palpitant.


L'intrigue est assez faible, Pratt abuse de dialogues un peu long et étire son mystère avec outrance. Il y a bien des scènes intéressantes, des ingrédients assez chouettes, mais le tout est exploité faiblement et surtout laisse place à des scènes moins réussies où les échanges ne mènent à rien ; de plus, l'enquête n'est pas très bien menée, on va de fausse piste en fausse piste et tous les personnages rencontrés ne sont pas hyper intéressants. Il manque d'ailleurs un sidekick digne de ce nom dans cet album ; à la place on a quelques figures au potentiel un peu gâché.


Graphiquement non plus je ne suis pas complètement réjoui. Dans son voyage en Sibérie, Pratt nous a montré qu'il pouvait faire des efforts techniques pour représenter de façon réaliste des éléments compliqués à dessiner (en l'occurrence, il s'agissait d'un train) ; il réitère l'expérience ici en allant plus loin puisqu'il vise, avec ambition, un rendu réaliste de Venise et son architecture. Déjà, premier souci, l'auteur ne semble pas sûr de ce qu'il veut faire : il commence avec des décors fins au trait net, puis revient peu à peu à son style plus lâché mais inclus tout de même bon nombre de détails e parfois revient carrément à un dessin plus fin entre deux plus gros ; c'est donc assez hétérogène mais aussi inégal, car dans l'entre-deux (trait moyen, légèrement ondulant pour une architecture fort détaillée, ou bien un décor lâché avec au milieu un détail plus fin) on a un peu de peine pour l'auteur qui semble le cul entre deux chaises. Pire, si certains extérieurs sont donc bourrés de détails réalistes, au sein d'une même page il reste malgré tout les plans habituels de Pratt, à savoir des personnages qui s'opposent sur un fond épuré ; cela provoque de gros déséquilibres de pages qui ne sont donc pas toujours très agréables à parcourir. Reste heureusement toujours des personnages bien dessinés, un jeu d'ombre qui sauve parfois un peu l'auteur dans ses tourments graphiques.


Bref, un album un peu décevant. Notons aussi que c'est l'album le plus facile et rapide à lire, je n'ai jamais été aussi vite pour terminer un Corto Maltese.

Fatpooper
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le 27 juil. 2020

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