Cela ne m’avait jamais frappé l’esprit bien que cela tenait en réalité de l’évidence crasse ; le sumotori, un sport japonais par excellence, moins pratiqué mais autrement plus réputé à travers le monde que ne peut l’être le karaté, n’a connu finalement que peu d’adaptations en manga. Il s’agit en tout cas de la première venue se jeter sur mon parcours, là où les œuvres analogues brillent pas leur absence parmi le Top Mangas Sportifs de SensCritique.
Le moins qu’on puisse en dire, et on va en dire le moins possible, c’est que Hinomaru Sumo, s’il n’est sans doute pas le premier manga de sumo à avoir jamais existé, n’a certainement pas vocation à être le plus notoire d’entre tous. Avide pour ma part de m’enquérir et m’imprégner de la scène sumotori, un milieu autrement plus hermétique qu’il y paraît au regard de la multiplicité de ses règles… je me suis trouvé bien famélique au terme du banquet.
La structure du récit est un calque de tout ce que le milieu du manga sportif peut nous agonir. Un club de sport mésestimé n’a aucun membre, un personnage principal fringant, vertueux, hutin ascendant invincible et remuant vient alors le redynamiser par sa présence et… l’intrigue s’arrête là ou presque. Aucun effort n’a été manifestement perpétré afin que la narration puisse nous surprendre ou même vaguement nous intéresser. De ce manga, j’aimerais en dire qu’il est tout ce qu’on attend de lui, mais il trouve le moyen d’être encore plus décevant alors que pas un personnage ne donne envie de poursuivre la lecture.
À prendre l’œuvre pour ce qu’elle est, nonobstant sa thématique, elle n’a rien à mettre en avant. Le dessin, semblable à tous, indistinct dans ses atouts, ainsi que l’écriture, ne sont ici présents que comme les aléas malheureux d’un pamphlet sportif. En refusant de travailler les abords de son manga, le sumotori constituant alors à lui seul le noyau et la membrane de son tout, Kawada – c’est un mononyme – ne créé pas une histoire, mais une distraction de niche.
Ne boudons pas notre plaisir, découvrons le milieu du sumo et… et non en fait. Apparemment versé dans le tapageur, l’auteur, plutôt que nous présenter une scène sportive réaliste, se complaît dans les débauches graphiques spectaculaires afin de nous intimer à ne pas respecter ce qu’il nous rapporte. Vous vouliez du sumo ? Vous aurez du My Hero Academia – c’est ce à quoi m’auront le plus fait penser les trames graphiques – avec des héros en pagne. Que voulez-vous, au juste, tirer d’un manga sportif qui, par le traitement du sport qui le concerne, le ridiculise sous une série d’accès criards et ronflants ?
Tout n’est que frappes explosives et force brute ; la technique, la subtilité d’un noble art, tout ça est expédié dès les prémices. Vous ne serez pas instruit de ce qu’est le milieu du sumo, vous n’aurez même pas envie de vous essayer à un seul match tant ce qu’on nous délivre ici nous rebute. N’aurais-je pas été un brin intrigué par ce que recèle ce sport que je m’en serais alors volontiers détourné après avoir lu Hinomaru Sumo.
Certains, les plus vicieux d’entre vous, argueront la jurisprudence Eyeshield 21. L’œuvre-ci, il est vrai, coche toutes les cases que celles que je m’en suis allé raturer pour ce jour. À peu de choses près cependant que les auteurs savaient élaborer des personnages qui, en dépit de la simplicité de leur écriture, donnaient envie de lire un récit s’orchestrant en leur compagnie. Cela, sans compter le fait que l’amour du Football U.S fut admirablement retranscrit quant à l’exploitation et le développement de ce qui tenait à ses règles et ses tactiques de jeu ; l’œuvre ayant alors su être pédagogue et patiente dans ses enseignements afin que nous n’en finissions pas de découvrir tous ses atouts.
Dans le cas qui nous concerne, dans le cas qui… nous consterne, tout, absolument tout, nous est révélé dès le premier chapitre. On n’approfondira jamais vraiment la substance de ce qu’est cette discipline pourtant réputée pour son exigence.
Je connais peu le monde du sumo, mais je connais assez pour savoir qu’Hinomaru Sumo est une glaviot rance et pesteux craché sur sur son visage. L’œuvre, sous couvert d’encenser ce sport en particulier, le ternit d’un irrespect aussi flagrant qu’infantile. Un peu à la manière d’un très jeune enfant qui, parce qu’il ne comprend pas ce qu’il fait, dessinerait sur une toile de maître au feutre pour compléter le dessin qu’il aperçoit. Sous couvert de promotion du milieu du sumo, Kawada se sera adonné à un sacrilège abject dont il n’eut probablement jamais conscience de la portée. Cela m’est apparu flagrant pour moi qui suis profane de ce milieu, aussi je n’ose imaginer ce qu’en aurait pensé un aficionados. Je n’en ai en tout cas rien retiré en ce qui me concerne, si ce n’est peut-être du dépit de voir un autochtone saloper si salement son patrimoine culturel.