Quand on arrive en viiille...

The Joker est la bd que j'attendais sans le savoir. Celle qui nous montre le Joker comme on l'a toujours espéré: sombre, froid, instable (euphémisme), manipulateur et bien évidemment extrêmement violent, bien plus qu'à son habitude. En un mot comme en cent: charismatique.
Mais l'intérêt du comic book ne repose pas uniquement sur ce seul personnage, aussi fascinant soit-il. Le véritable protagoniste de l'histoire est Gotham elle-même, gangrenée par un petit groupe de psychopathes tous plus malsains les uns que les autres et qui font la pluie et le beau temps sur le territoire du Dark Knight. Le Joker nous permet ainsi de découvrir ce bestiaire en sa compagnie. Il nous fait entrer dans la ville par les coulisses et nous présente les ennemis de Batman sous une approche différente, captivante. Nous partageons leur étrange quotidien le temps de l'ouvrage.
Nous, c'est Jonny Frost, le narrateur. Malfrat de petite envergure qui a des rêves de grandeur, et qui voit en le Joker un moyen d'entrer dans la cour des grands, sans imaginer le prix de sa folie. Il est finalement le seul élément stable dans cette décharge à ciel ouvert à qui l'on peut se raccrocher.
Et Batman dans tout ça? Et bien il brille par son absence. N'apparaissant que peu mais remplissant très bien son rôle d'ombre sur la ville avec sa définition tr§s personnelle de la justice.
Nous sommes donc très loin du Batman de Bruce Timm qui a bercé notre enfance. Brian Azzarello signe ici un récit très sombre, violent, davantage proche du polar que de l'aventure fantastique et magnifiquement mis en image par un Lee Bermejo en pleine forme. En gros, The Joker est un must have, même pour les allergiques aux histoires de bodybuildés en collants, de plus c'est un one shot (ô joie! Pas de longues semaines d'attente pour se rendre compte que la suite est décevante).
Seul bémol, la colorisation est légèrement en deçà du dessin, mais pas de quoi fouetter un chat.