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Après quatre diptyques, à savoir Les Cigares du pharaon/Le Lotus bleu, Le secret de la Licorne/Le Trésor de Rackham le Rouge, Les 7 Boules de cristal/Le Temple du soleil et Objectif Lune/On a marché sur la Lune, Hergé se remis à écrire des albums à l'intrigue unique.

L'Affaire Tournesol est le premier d'entre eux à reprendre ce chemin. C'est également l'album où Tintin a définitivement abandonné son appartement bruxellois, 26 Rue du Labrador, pour s'installer définitivement au Château de Moulinsart et rester en compagnie du Capitaine et du Professeur.

Puisqu'on parle de lui, penchons-nous sur l'histoire. Se cachant aux yeux de ses amis, Tournesol fait des expériences sur les ultra-sons causant ainsi bien du chaos dans la demeure du Capitaine.

Un jour, il décide de se rendre, affirme-t-il, à la Convention de la Genève et promets de revenir d'ici quelques jours. Mais lors de son départ, Tintin pense que son ami scientifique est préoccupé par une chose grave qu'il refuse de dire.

Autant le dire tout de suite, bien que l'on commence avec un début plutôt angoissant, L'Affaire Tournesol n'est pas la meilleure aventure de notre reporter préféré.

Ce n'est rien de plus qu'une intrigue recyclée de Le Temple du soleil où il faut sauver un Tournesol en danger de mort. De plus, le voyage aventureux est très restreint vu qu'on passe de pays lointain/de l'espace à un voyage monotone en Suisse à Genève et Nyon. Sans compter le fait que l'histoire est lente montrant Tintin, le Capitaine et Milou aller d'un point A à un point B sans qu'il ne se passe grand-chose.

Cependant, après un milieu de récit monotone, le récit prend vraiment toute son ampleur à partir du moment où nos héros arrivent en Bordurie.

Ce pays ayant à peine était évoqué et survolé dans les albums précédents au profit de la Syldavie se voit enfin être élargi au point d'avoir une capitale nommée Szohôd. Alors qu'on craignait déjà ce pays dans Le Sceptre d'Ottokar, la Bordurie est angoissante et malaisante de par le fait que ces habitants ne cessent de prononcer le nom d'un dictateur

Amaïh Plekszy-gladz!

De plus, on voit une statue de ce dernier à l'allure imposante en train de faire un geste ressemblant fortement à celui du Führer.

Je suppose qu'il est maintenant inutile de vous expliquer ce que signifie le mot "Amaïh".

Ainsi, nous voilà reparti sur une intrigue inspirée de l'oppression de l'Occupant. Il est donc fort probable que L'Affaire Tournesol soit inspiré de vrais savants tyrannisés par l'Occupant utilisant leurs inventions à des fins militaires; les Bordures vont même jusqu'à dire que les expériences de Tournesol pourraient donner naissance à une nouvelle Bombe A.

De plus, les uniformes des soldats Bordures ainsi que le signe qu'ils portent aux bras sont de bien peu discrètes allusions aux uniformes nazis et à la croix gammée. Costumes ayant probablement inspirés les uniformes nazis de La Grande Vadrouille sorti dix ans après L'Affaire Tournesol.

La possible inspiration pourrait même être allée jusqu'à s'être basée sur un passage à l'Opéra de Szohôd où l'on voit la Castafiore (toujours aussi agaçante mais sachant se montrer utile quand il le faut) protéger nos héros qui aurait inspiré la partie de La Grande Vadrouille où, à l'Opéra de Paris, un chef d'orchestre protège un soldat anglais des nazis.

Puisque qu'on parle de soldats, le Colonel Sponsz est un excellent méchant alternant entre l'antagoniste menaçant imposant et le colérique comique de façon habilement gérée.

Mais le mieux dans l'histoire est la course-poursuite finale en voitures et en chars d'assaut emplie de tension et du suspense de son commencement à son achèvement.

Dommage, toutefois, que la fin soit un peu bâclée. Il aurait été mieux de faire un long épilogue expliquant mieux les agissements de Tournesol et pour quelle raison il travaillait sur les ultra-sons.

Après, il ne faut pas s'imaginer que cet album existe uniquement pour être sérieux puisqu'il est très drôle...

...entre les soldats Bordures ridiculisés par nos héros...

...le Capitaine toujours aussi colérique et maladroit, ce qui donne d'excellents gags ou encore les personnages tertiaires un peu foufous plutôt funs.

Puisqu'on parle de fun, c'est dans cet album qu'on voit apparaître Séraphin Lampion pour la première fois: personnage étant une excellente caricature des assureurs (ou plutôt commerciaux) détestables faussement gentils qu'on a envie de baffer. Le ridicule va même jusqu'au fait que c'est un gros froussard exaspérant de façon hilarante.

Bref, un album avec du bon mais qui aurait pu être mieux.

Dommage que ce soit l'un de ceux ayant eu l'une des pires adaptations existantes

(ma critique de l'adaptation en question ici https://www.senscritique.com/film/l_affaire_tournesol/critique/294201725)

Comme d'habitude, voici une review de The Reg sur l'épisode 'Les aventures de Tintin' de 1991 adaptant cet album https://www.youtube.com/watch?v=2_fivY2fucU

BlackBoomerang
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le 14 sept. 2023

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