Dans la longue liste des auteurs qui ont donné vie à Spirou et Fantasio, Emile Bravo va certainement s'inscrire tout en haut de la liste. A la hauteur de Franquin et Jijé.
160 pages en 2 albums déjà publiés sur une histoire qui sera encore déployées sur 4 tomes au total, l'auteur, à la manière de la meilleure BD franco-belge, nous fait revivre avec doigté et fraîcheur au quotidien et en mode burlesque, ces années de guerre que l'on ressent grises et angoissantes.
Bravo a réussi plusieurs tours de forces. Le premier c'est d’insuffler dans une BD dont le style narratif est clairement ciblé pour les enfants, la dimension historique sans travestissement.
Je n'ai jamais été un grand lecteur de Spirou, ayant toujours considéré les deux personnages peu habités et manquant d'épaisseur psychologique. Sans parler des nombreuses déclinaisons post-Franquin qui ont entièrement délavés leur psyché. Ici, le 2ème tour de passe passe de l'auteur, c'est de leur redonner une âme incarnée. Sans dénaturer l'image que le lecteur lambda s'est construite. Dans ce deuxième chapitre, les deux jeunes adultes ont déjà changé. Ils s'affirment beaucoup plus.
J'ai l'impression de faire pour la première fois connaissance avec Spirou et Fantasio (et pourtant ces noms font partie de mon existence depuis mon enfance) de les comprendre et d'avoir envie que l'on réécrive leurs aventures, qui se passent chronologiquement après celle-ci, à l'aune de ces deux héros enfin véritablement vivants.
Bravo se permet de plus le cliffhanger de l'année.
Le prochain épisode dans 365 jours.