Bravo confirme le reboot de Spirou

Emile Bravo est un auteur complet. Un auteur avec son style propre, reconnaissable et de qualité. Les "épatantes aventures de Jules" avaient tout de suite éveillé un vif intérêt. "Un nouveau créateur à suivre" se disait-on.

Je ne suis pas un grand fan de Spirou hors Franquin. Depuis, il a été et est toujours décliné à l'envi. Entre les versions d'auteurs pas toujours heureuses et la série classique très inégale en passant par les spin off (Marsupilami avant tout et la dernière sur Zorglub qui n'a pas l'air de laisser un souvenir impérissable d'après les éclaireurs de notre site préféré).

Dix ans après "Le journal d'un ingénu" du même auteur et qui avait marqué les esprits, on retrouve un Spirou ado, naïf et pur comme l'eau de roche. Il rappelle Tintin (clin d’œil assumé) et est accompagné d'un Fantasio particulièrement irresponsable et à peine dégrossi.

Bravo s'engage sur 4 albums pour nous raconter leur traversée de la 2ème guerre mondiale. Un style mi-réaliste mi-comique faisant écho à l'oeuvre d'Hergé (le comble pour Spirou et à des kilomètres de Franquin) de manière explicite, (certaines cases rappellent Quick et Flupke ou Jo Zette et Jocko) mais aussi implicite (trame axée sur l'actualité, relation entre Spirou et Fantasio que l'on retrouve dans maintes BD d'époque calquée sur le clown blanc et auguste) tout en gardant étonnement une ligne propre.

Bravo insuffle de la substance, une âme, à des personnages délavés par les interprétations successives d'auteurs et de genres. Il remet les compteurs à zéro et repart sur une base référencée mais renouvelée par son propre génie.

Les protagonistes ne sont pas complètement conscient du cadre tragique dans lequel ils évoluent. Ils n'ont pas notre recul et notre regard. Le comique de situation surgit de temps à autre avec ce décalage là.

La BD a le mérite d'une grande clarté, lisible et compréhensible pour les jeunes générations.

L'intrigue est prenante avec un découpage alerte.

Une très belle réussite.