Lucky Luke, c'est des années de médiocrité après la mort de Goscinny . Quelques très rares perles (Luke contre Pinkerton) surnagent parmi un océan de camelotes, partant des dernières années de Morris (touchant le fonds avec Patrick Nordmann) jusqu'aux bavardages sans jus des albums scénarisés par Laurent Guerra.
Alors, la curiosité est vive, quand un auteur comme Matthieu Bonhomme, qui a notamment créé en duo avec Trondheim sans fausse note et jubilation, deux hommages au western et aux feuilletons américains du XIXème siècle (Texas Cowboy I et II), s'y attelle.
Et on n'est pas déçu ! Dans un style semi-réaliste, l'homme plus rapide que son ombre parait aussi vivant que Liberty Valance. Joly Jumper suit, plus réel que nature.
Le découpage est impeccable, le scénario parfaitement construit, les personnages secondaires ont de la chair... Des clins d'oeil à son créateur jalonne l'intrigue par la reproduction du far west morrissien. Le traitement des couleurs s'inspire de celui du maître.
Sans égaler l'hommage de Spirou d'un Emile Bravo, qui apportait une véritable nouvelle dimension non seulement au héros mais aussi au récit, Bonhomme s'en tire mieux qu'un simple exercice de style. A l'instar de Cosey sur Mickey, on sent qu'il s'est imbibé de Lucky Luke dans son enfance. Il aime le personnage et restitue pleinement son bonheur au lecteur.
Bouzard est annoncé ! (lire son excellent "les poilus frisent le burn out"). Style à l'opposé de Bonhomme... et de Morris. Jul est le nouveau scénariste de la série classique dessinée par Achdé. A moins d'une bonne surprise, j'ai peu d'espoir de ce coté là...