Kaï et PhiPhy vivent dans un monde utopique et peu évolué technologiquement. Dans le ciel plane une déesse du nom de Marie qui observe silencieusement sans jamais intervenir. Curieusement Kaï est le seul à percevoir une musique émanant de Marie ce qui l’amène à questionner sa propre existence. Qui est Marie ? Pourquoi observe t-elle le monde ? Pourquoi entends t-il cette triste mélodie ?
La Musique de Marie propose un univers particulièrement intrigant. Au fil des pages on y découvre les différentes coutumes propres à chaque ile tandis que les prémices d'un amour naissant germent sous nos yeux et questionnent la réciprocité de ces sentiments. Sur le plan purement formel le manga offre des planches assez ahurissantes de détails. Toutes les parties technologiques sont hyper soignées et c'est un véritable feu d'artifice fait d'écrous et d'engrenages qui nous émerveille. On sent que l’auteur avait à cœur de donner vie à son univers et à lui conférer une âme.
Pourtant face à cette utopie dans laquelle les baignades estivales, le partage de connaissance désintéressé et l'attrait pour le progrès rythment le quotidien on fini par douter. Si c’est si beau et si paisible c’est que ça cache quelque chose non ? Un mécanisme de pensé qui en dit long sur nous même, lecteurs accoutumés à un quotidien où la guerre, le meurtre, la maladie, la bassesse, la possession, l'égo et les inégalités caractérisent de trop nombreux aspects de nos vies…
Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller d’un rêve dont vous n’arrivez pas à vous souvenir en ayant une larme ruisselant le long de votre joue ? C’est la sensation que m’a donné La Musique de Marie lorsqu’est venu le temps d’en tourner la dernière page. C’est une œuvre qui questionne le rapport de l'homme au divin, le libre arbitre, qui pose la question des conditions nécessaires pour une paix durable… Elle fait l'éloge de la beauté d'une culture protéiforme, variée et tolérante. Le tout en arborant un voile éthéré presqu'irréel.
Une lecture dépaysante et philosophique. Curieusement légère et lourde de sens. Mais surtout une de mes plus belle lecture de l’année.
Apres la croisade des innocents du même auteur (Usamaru Furuya) qui m'a mis une belle tarte voila que La Musique de Marie vient également se loger dans mes pensées. La noirceur totale de la croisade laisse place à l'onirisme au léger accent steampunk.
La musique de Marie est devenue une nouvelle pièce venant s’ajouter à la machinerie de mon imaginaire. Je la laisse avec un petit pincement au cœur découvrant au passage qu’une lecture peut nous rendre heureux et triste à la fois…