La Horde du Contrevent, devenu classique de la littérature fantastique, apparaît comme une anomalie narrative qu'il semble bien présomptueux de vouloir adapter. Et comme l'écrit si justement Alain Damasio dans sa préface, "rien n'était a priori plus difficile et plus contre-intuitif que de choisir l'image fixe pour transposer le plus mobile et le plus aérien de tous les éléments : le vent !"
Eric Henninot, ne craignant pas les rafales, s'y est intrépidement jeté. Un saut dans le vide, l’inconnu si lointain de l'extrême-amont. La tâche est ardue mais le défi fût relevé.
La horde est fidèle, ses personnalités bien présentes même s'il n'est parfois pas évident d'en distinguer les composantes. Les avanies qui accablent sans relâche ce groupe de d'avaleurs de distance prennent aux tripes, à l'instar des fractures qui menacent la cohésion de la Horde.
Les paysages sont magnifiques, sculptures nées de l'érosion éolienne qui le crayon de l'auteur sublime par son talent.Les couleurs apparaissent appropriées à ce monde sans accalmie, où la brise la plus ténue côtoie le furvent le plus destructeur.
A l'issue de ce premier opus, c'est le sentiment d'une réussite graphique et narrative qui prédomine et l'espoir chevillé au corps que la suite sera tout aussi vivifiante.
Alain Damasio avait su créer un imaginaire singulier, Eric Hennigot lui a donné une apparence et Gaëtan Georges des couleurs. Bon vent aux auteurs !