Le Parfum de l'invisible, tome 1
6.8
Le Parfum de l'invisible, tome 1

BD franco-belge de Milo Manara (1986)

Je viens de relire le Parfum de l'invisible de Manara et force est de reconnaître que l’on peut considérer cet album comme un classique du genre.

Manara, avec son habile détournement de l'homme invisible, nous livre un scénario à l'incroyable puissance érotique. Comme pour le Déclic, il joue avec des fantasmes simple, mais si répandu qu'ils en deviennent universels. Il sait jouer avec nos envies les plus profondes et met ça en image d’une agréable manières en choisissant de rester dans le domaine de l'érotisme et de la suggestion. Il a su toucher le plus grand nombre de lecteur et ainsi imposer le Déclic et le Parfum de l'invisible comme des classiques de l'érotisme. Son talent sur ces deux titres a éclipsé presque tout le reste de la production de BD érotique et porno. Au point d'en être énervant pour les amateurs du genre, car les néophytes ne jurent que par lui. Pourtant si son dessin est sublime et l'érotisme omniprésent chez lui, jamais il n'arrivera à égaler ses deux titres phares. Alors que dans le Parfum de l'invisible (ou le Déclic), l'érotisme est le moteur même de l'histoire, il ne sera par la suite plus qu'un prétexte noyé dans des scénarios abscons.
Si l'on peut convenir qu’excepter quelques fulgurances, Manara n'est pas un grand scénariste, il est évidemment un dessinateur génial et extrêmement talentueux. Même si force est de constater, que son idéal féminin s'est quelques peu stéréotypé avec le temps. Il faut avouer que ses héroïnes sont plus que troublante avec leurs plastiques de rêves, leurs côtés canailles, qui les rendent irrésistibles.
C'est encore plus fort ici où tous les actes sont explicites mais semblent suggérés par le fait de rendre invisible le personnage masculin. Un procédé habile pour dessinateur moins intéressé par l'acte que par la représentation du plaisir qu'il procure. La longue scène de cunnilingus en est le plus bel exemple. Cela dure presque quatre pages, où l'on voit l'héroïne se lâcher de plus en plus au point d'avoir l'impression de la voir jouir devant nous. Un sentiment exquis troublant et C'est là, la vraie force de Manara. Plus que le physique, plus que l'acte, c'est la représentation du plaisir féminin, de l'orgasme total et dévastateur. Du plaisir que l'on voudrait donner et/ou recevoir. Presque une force métaphysique...
Pas étonnant qu'il en soit venu à travailler avec Jodorowsky sur la série Borgia, ce qui est sans doute sans l'un de ses plus beaux succès.
Je ne serais donc trop vous en conseiller la (re)lecture.
Le_bibliophage
8
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le 29 oct. 2013

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Le_bibliophage

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