Adaptation très réussie du bouquin de P. Lemaitre

Adaptation vraiment très réussie du roman de Pierre Lemaitre : un polar amoral à l'humour pince sans rire, un noir bien serré et délicieusement rétro.


En 2021, Pierre Lemaitre et son éditeur (Albin Michel) avaient eu la bonne idée de ressortir un fond de tiroir pour profiter de la renommée grandissante de l'auteur. C'était un thriller immoral et délicieusement divertissant, empreint d'un humour noir et pince-sans-rire, qui nous replongeait dans les années 80, à l'époque où l'on sillonnait les routes en Renault 5 (et pas le nouveau modèle électrique, hein !).

Pierre Lemaitre, Dominique Monféry et les éditions Rue de Sèvres nous remettent ça et adaptent Le serpent majuscule en bande dessinée.

Lemaitre n'en est bien sûr pas à son coup d'essai : il a déjà adapté plusieurs de ses romans en BD (Au-revoir là-haut, la série Verhoeven, ...).

Quant à Dominique Monféry il est connu dans le monde du dessin animé.


C'est une BD avec une héroïne mais messieurs voyons, calmez-vous, ce n'est pas du côté de Superwoman que ça se passe, plutôt du côté de Carmen Cru : l'héroïne en question est une vieille dame très âgée, prénommée Mathilde.

Accessoirement, Mathilde Perrin est aussi tueuse à gages, oui, oui.

Ludo, son chien, est un dalmatien, facile à reconnaître car c'est lui qui fait la couverture du bouquin comme de la BD et que "généralement, les grands chiens blancs avec des tâches noires, c'est pas des saint-bernards".

Le flic c'est René, un vieux garçon plus ou moins amoureux de la dame de compagnie de son vieux père.

Et puis il y a Henri, le commanditaire de Mathilde, ils se sont connus pendant la guerre, dans la Résistance où la jeune et belle Mathilde s'était déjà forgé une solide réputation (savoureux flash back !) !


Jusque là tout allait bien et Mathilde enchaînait les petits boulots ou les missions, avec efficacité. Elle était réputée pour fournir des "prestations parfaites", elle était même "insoupçonnable, un agent exceptionnel".

Elle trouvait même que "c'est agréable comme métier, mais qu'est-ce que c'est salissant".

Mais avec l'âge, tout n'est peut-être plus aussi net, la vue baisse, on a vite fait de confondre un bout de papier avec un autre.

Et puis Mathilde se lâche un peu avec son gros revolver, ça ne se fait pas de tirer dans les ...

Au point d'éveiller l'intérêt des flics : "l'étonnant c'est cette balle de gros calibre dans les ... c'est pas fréquent".

Ça fait un peu mafia non ? "Les ritals, ils tirent dans les burnes ! Sont très connus pour ça !", en tout cas c'est l'avis du commissaire, le patron pas très futé de René.

[...] - Cette femme je ne la sens pas.

- Franchement, René ... Vous voyez une bonne femme de 60 ans armée d'un 'desert eagle' dézinguer trois personnes en une semaine ?

- Il faut bien que quelqu'un l'ait fait ...

- Un ancien légionnaire, faites-moi confiance !


Quelques bonnes raisons d'ouvrir cet album ?

➔ Ah bien sûr le plaisir de se replonger dans cette histoire savoureuse de Pierre Lemaitre ! Le roman sans prétention était une simple histoire de tueur à gage, mais bien montée et bien racontée, où l'on passait un bon moment.

Avec l'auteur lui-même aux commandes de l'adaptation, il est naturel que le plaisir soit de nouveau au rendez-vous de cette histoire immorale où les cadavres s'accumulent rapidement. Mais une histoire plus subtile qu'il n'y parait et qui s'adapte parfaitement au format BD.

➔ Et puis, bonne surprise, les dessins et couleurs de Dominique Monféry sont superbes. Des visages très expressifs, un style pastel ou aquarelle et des tons sépias qui rappellent les années passées, les années 80.

Ce n'est pas une simple réinterprétation marketing de Lemaitre, c'est véritablement un bel album.

Un polar noir (et jaune), une version "3ème âge" de la série Le Tueur de Matz et Jacamon.

BMR
8
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le 24 juil. 2025

Critique lue 9 fois

Bruno Menetrier

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