Maison Ikkoku - Juliette, je t'aime par Ninesisters
Après avoir lu le premier volume, je me suis dit : « c'est quoi cette merde ? » Franchement. Disons que je peux mettre cela sur le compte d'une mangaka qui n'a pas encore trouvé quelle direction elle voulait exactement donner à son récit, mais le résultat est là : le pauvre Yusaku se pose en souffre-douleur, en victime passive, de locataires sadiques (qui peut-être ne s'en rendent même pas compte), il s'en prend plein la gueule sans que cela soit drôle, j'ai trouvé tout cela absolument insupportable.
C'était CA le fameux Maison Ikkoku ? Quelle horreur. Comme je vois des réactions de nouveaux lecteurs similaires autour de moi, je me dis que la série n'a pas encore atteint la maturité, la forme qui lui a donné le succès que nous lui connaissons, et je décide de poursuivre l'aventure.
Le second tome ne s'avère que très légèrement meilleur, disons suffisamment pour me pousser en continuer, puis la qualité commence à faire son apparition.
Au bout de quelques volumes, l'humour devient enfin plus présent, et surtout l'amour. L'amour, c'est quand même le point central de ce manga. Par contre, avec un héros comme Yusaku, il fallait bien minimum 10 tomes pour qu'il arrive à ses fins.
Ce type est une larve ; il n'a aucune personnalité, aucune volonté, aucun charisme ; il n'arrive jamais à s'affirmer, ni à dire non ; il entretient des relations juste car il est incapable d'y mettre un terme ; c'est le héros de Love Hina en pire. A sa décharge, c'est quand même un sacré malchanceux. Vous savez, ces histoires pas crédibles pour deux sous qu'un employé raconte à son patron pour justifier un retard, ou qu'un homme qui vient de se faire surprendre avec sa maîtresse raconte à sa femme pour lui montrer que ce n'est qu'un terrible malentendu. Eh bien à Yusaku, ces histoires lui arrivent vraiment. Il est absent à un entretien d'embauche ? Il a dû aider une femme enceinte. Il sort d'un hôtel avec une femme et tombe sur sa fiancée ? Il est venu payer car elle n'avait pas d'argent sur elle. Un sacré looser...
Heureusement, il y a Kyoko. Ah Kyoko. je croyais me souvenir d'une gentille potiche, elle n'a rien d'une gentille potiche. Elle a du caractère, et elle le montre. Je dirais même qu'elle a un sale caractère, mais aussi des comportements très touchants ; je pense en particulier à une scène magnifique du dernier volume qui m'a donné la larme à l'œil.
Car finalement, voilà ce que je retiens de Maison Ikkoku : en arrivant à jongler subtilement avec les sentiments de ses personnages sans pour autant délaisser son côté humoristique, Rumiko Takahashi arrive à créer une œuvre qui peut se montrer (même si ce n'est pas tout le temps) incroyablement belle et touchante. Le dernier volume en devient magnifique, j'en avais même envie de pleurer tellement l'histoire était bien contée, les émotions authentiques, et les dessins magnifiques.
Ce n'est pas son meilleur travail, mais il aura su me toucher.