La magie éditoriale
Rupture d’anévrisme instantanée. C’était le diagnostic du toubib. Jamais il avait vu ça et, après que je sois sorti d’un quasi-coma, il m’a demandé « Vous auriez pas lu un manga merdique mais alors…...
le 29 mars 2025
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Rupture d’anévrisme instantanée. C’était le diagnostic du toubib. Jamais il avait vu ça et, après que je sois sorti d’un quasi-coma, il m’a demandé « Vous auriez pas lu un manga merdique mais alors… vraiment ? ».
Ayant hélas réchappé à la mort, je dus alors retourner à mes basses œuvres, cette fois accoutumé à la mauvaise pitance qu’on me servait à présent, au point peut-être d'en être immunisé. À la louche que j’en ai bouffé, alors régalez-vous bien de ce que je vous vomis ici, ce sera acide à souhait.
Le dessin. Je pourrais vous en parler, hein ! Émettre tout un tas de commentaires bien déplaisants à leur endroit. D’ailleurs, je pourrais pas faire autrement même si j’avais un flingue sur la tempe, car voudriez-vous vous faire violence et mentir pour leur trouver une qualité que vous vous feriez une rupture d’anévrisme rien qu’à essayer.
Ah bah, c’est bon. Je sais d’où ça venait, maintenant.
Qualifier le foutoir, ça suppose de définir chaque monceau du fatras. Pareille abnégation me fait comme qui dirait défaut. Le dessin, après tout, parle de lui-même, et ce n’est qu’en ce sens qu’on pourra dire de lui qu’il est expressif. Des choses à son sujet, il en dit pas mal, et rien de bien. Mais regardez-les ! Ils sont des caricatures de Shônen. Visages lisses tenus à la portion congrue pour les traits – sûrement pour économiser l’encre – de grand yeux vides, un sourire niais… vous ne connaissez aucun de ces personnages et vous vous sentez déjà de les dégommer. Ah oui, ils sont expressifs ces dessins ; ça, ils m’en suggèrent des choses à les voir.
Moins de dix pages avant des plans de petites culottes… c’est le signal. Lequel ? Mais enfin, celui qui garantit à coup sûr que je passerai le restant des – bordel – TRENTE-HUIT TOMES à gaspiller salive et larmes enragées sur les cases qu’on me présente. Trente-huit tomes... je lisais alors les chroniques d’une fausse-couche qui n’en finissait jamais.
Dix pages plus tard, une collégienne se retrouve en sous-vêtements du fait d’un accident magique… ah mes bons enfants… restez pas dans ma direction le temps que j’écrive cette critique, vous risqueriez d’être balayé par le souffle de mes incessants soupirs. Le manga que je lis est une machine à atterrer ses lecteurs. Si on le conçoit en ce sens, oui, on peut dire que l’œuvre est remarquablement réussie.
Rien ne fait sens et rien ne cherche même à en faire. Les diplômés de Poudlard – non mais voyez la salle… on y est – sont dispatchés dans le monde, soi disant pour parfaire leur apprentissage… donc Negima est envoyé dans une école pour filles au Japon pour y enseigner l’anglais mais en fait, pratiquer la magie parce que… l’auteur ne savait manifestement pas ce qu’il écrivait ; ça ne l’empêchait apparemment pas de poursuivre ses efforts inlassables pour assurer ses rentes depuis un filon bien sale. L’argent n’a pas d’odeur, certes, mais il a un dessin. Et pas un qui soit franchement reluisant.
Toutes les élèves de la classe, déjà difficiles à distinguer les unes des autres du fait que… graphiquement… comprenez, hein, ont en plus le toupet d’être abominablement mal écrites. Ce sont des caricatures ambulantes. Les unes tempétueuses, les autres exubérantes outre mesure ; ça crie, ça rougit, ça montre ses sous-vêtements et, par-dessus tout, ça vous emmerde. Aucune recette, même la meilleure, ne peut donner lieu à un bon gueuleton dès lors où les ingrédients sont si méchamment faisandés. Et qu’on se rassure, la recette qu’on nous sert ici n’est certainement pas la meilleure qui soit. Ça se veut potache, mais trouve le moyen d’être mièvre. Imaginez un City Hunter où Ryo Saeba serait sous Prozac, à multiplier les sourires timides et à détourner le regard en parlant à voix basse d’un air peu sûr de lui tout en se frottant le bras nerveusement. Vous saisissez l’idée et, dès lors, vous aurez une parfaite représentation du tableau. Sans les dessins toutefois ; fort heureusement pour vous.
Vous voulez de la moraline au sirop enrobée au format adage ? « Notre magie n’est pas omnipotente, un peu de courage est la meilleure magie qui soit ».
Ouais, on en est là. Je vous ai épargné le sourire niais de Negima que vous aurez envie de massacrer de toutes vos forces chaque fois qu’il s’étalera sur une case.
Je ne sais pas si une série de cinq chapitres ininterrompues se soit profilé sans qu’une des élèves – qui font très jeunes au demeurant – nous ait été présentée en petite tenue, sinon totalement à poil. C’est une sorte de manga comédie ; paraît que c’est potache les mineures dévêtues. Ce qui, avec l’ecchi, est d’abord exaspérant, devient vite gênant à force de temps d’insistance à vouloir nous présenter des jeunes filles au comportement particulièrement juvénile dans leur plus simple appareil. Je ne tire aucune conclusion de ce constat ; je soutiens en revanche que lorsque Hiro Mashima s’adonnait au procédé, je ne me suis jamais demandé, en ce qui le concernait, s’il n’avait pas quelques penchants… définis. Ce que je n’ai cependant pas arrêté de me dire le temps de ma lecture de Negima.
Oh nom de…
Inquiet de cette propension maladive à vouloir exposer de la nudité juvénile, je cherchais alors tardivement le nom de l’auteur. Déjà dans l’espérance de feuilleter son casier judiciaire, mais aussi afin de savoir quels autres méfaits il avait bien plus commettre antérieurement. Et bon Dieu… c’est Ken Akamatsu. Celui de Love Hina ! Parfaitement !
J’ai donc pas assez souffert pour qu’on me propose une autre de ses œuvres à la lecture ? Eh bien, je ne pensais jamais écrire cela à son sujet – car je pensais avoir dit tout le mal que je pensais de lui après ma critique de sa précédente œuvre – mais il a trouvé le moyen de faire pire que Love Hina dans le registre de la comédie romantique. Et c’est en ce sens que j’estime qu’il a dû faire un effort considérable afin de parvenir à tel exploit. À savoir tomber sans cesse si bas, en voilà un qui a raté une belle carrière dans le limbo.
Parcours classique de ce genre de mangas, dont je tiens l’exécrable Reborn comme Saint Patron ; on commence avec des histoires courtes « humoristiques » puis, une fois les mouches collées à l’adhésif, on les tient avec du contenu Shônen de combat. Ce sera tout aussi lamentable, mais on aura au moins la satisfaction de ne plus voir des gamines à poil toutes les deux pages. Pénalement parlant, on se sent déjà plus à l’aise, bien qu’on persistera à en subir encore.
Fidèle à son élan, Negima, d’un bout à l’autre de ses méfaits, restera lourd, bruyant et caricaturalement « girly »… faudra aimer le sucre de synthèse pour accepter d’en bouffer ici par plâtrées entières.
Aucun rapport de puissance cohérent ne sera institué de tout le récit. Negima est un littéral « Ta gueule c’est magique » transposé en manga. On va tout de même pas s’emmerder à travailler et définir la magie dans un manga qui traite principalement de magie, oh ?! On est où là ? Chez Dorohedoro ? À L'Atelier des Sorciers ? Pas de ça ici, moi je vous le dis !
Les effets graphiques des combats sont effroyables, les concepts des antagonistes aléatoires, bifurquant aisément vers le robot géant – mais avec des ailes hein, parce que magie – entre autres couillonneries improbables et indésirables. Le manga étant paru entre 2003 et 2012, je jurerais pourtant qu’il avait déjà été écrit et dessiné par une Intelligence Artificielle. Pas une qui fut très performante, c’est entendu… mais tout était si plat et dépourvu d’originalité qu’on ne pouvait qu’espérer l’implication d’une machine dans le processus créatif afin d’exonérer l’auteur de sa débâcle. Je crains cependant qu’il fut le seul artisan de ses méfaits. Lui, et cette inlassable école du crime qu’est sa maison d’édition ; bien entendu.
Ken Akamatsu, non content d’avoir ravi des succès intolérables après ses deux œuvres phare, a estimé qu’il n’avait pas suffisamment couvert le monde de ses bienfaits. Aussi a-t-il pondu une suite informelle à Negima, cette fois, avec un vampire comme protagoniste.
Sans moi. Je préviens tout de suite, UQ Holder, j’y toucherai pas, même revêtu d’une combinaison NRBC. J’ai donné.
On aura même un arc tournoi. J’ai rien contre ; mais encore faut-il savoir y mettre les formes. Or, il suffit de voir les formes géométriques qui composent les personnages du manga pour comprendre que l’auteur et les formes… c’est une affaire d’antagonisme. Du genre de ceux dont on sera les victimes collatérales.
Tout le monde finit par s’entendre, même les méchants supposés « charismatiques » rentrent dans le rang oh eh puis, après que l’auteur se soit fatigué durant près de dix ans à écrire la même chose – parce que ça doit être éprouvant à force – il conclut avec un happy end dont personne n’aurait osé douté de la contenance. À supposer qu’on y trouva du contenu ou de quoi se satisfaire de ce qu’on nous rapportait. Seulement, le manga n’avait rien à dire, aussi persista-t-il à le crier jusqu’au bout.
Love Hina se sera vendu à vingt millions d’exemplaires au moins, Negima, vingt millions de tomes vendus lui aussi… et il aura fallu que Ken Akamatsu se sente de poursuivre sa carrière bien que sa fortune fut faite. À moins qu’il n’ait tout fumé au casino, je ne vois pas ce qui puisse justifier qu’il nous revienne avec d’autres de ses honteuses créations. Estime-t-il que sa contribution manque au monde ? Nous hait il tellement qu’il cherche à nous accabler chaque semaine sous d’autres immondices ? Est-ce un test qui vise à voir jusqu’où il pourra se foutre du monde d’ici à ce qu’on ne lui fasse remarquer ? Peut-être est-ce pour soutenir son éditeur en lui garantissant quelques ventes confortables ; ce serait encore la raison la plus louable. Le fait est qu’il a entamé sa soixantaine ce petit monsieur… je ne l’encourage que trop à se reposer et prendre sa retraite.
Remarquez… je lui aurais adressé le même conseil y’a vingt-cinq ans après m’être coltiné Love Hina…
C’est mon côté altruiste et concerné qui veut ça. Pardon, je voulais dire « anti-truisme » et « consterné ». Et pas qu’un peu.
P.S : Ah, au fait, Ken Akamatsu est devenu député au Japon. Je ne voulais pas tant le savoir, afin de préserver des atomes d’espoir en l’humanité et en l’avenir… mais je le sais à présent. Et vous aussi.
Des fois – souvent – je me dis que ce n'est pas Shinzo Abe qui aurait dû recueillir la balle qui fut tirée. Je n'appelle à rien... mais je ne dissuade pas non plus qui serait tenté par l'expérience.
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le 29 mars 2025
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