Oublions la série et lisons les comics

Dans le monde merveilleux des comics, quand un concept marche, il faut le décliner le plus possible pour une meilleure rentabilité. Vous les avez peut-être déjà vues : Spidergirl, Batwoman, Superboy, et j’en passe (beaucoup). Ne nous voilons pas la face, ces personnages sont avant tout créés pour le profit. À une époque où les jouets étaient genrés, il fallait bien trouver un moyen de vendre du Batman à la petite sœur d’un garçon déjà fan. Je caricature volontairement, mais les faits sont là : ces personnages ne sont pas créés pour le plaisir artistique. Est-ce que cela veut dire qu’ils sont inintéressants ? Pas sûr…

Dans la famille « Bonne surprise », je vous présente la dernière série en date de Miss Hulk (oui, pas « She-Hulk », restons sur la VF à l’ancienne comme pour « Les Vengeurs », je trouve ça plus cool mais je dois être bien le seul…).

Vous avez peut-être subi la série Disney+ ou vous connaissez déjà le personnage, mais pour les autres, Miss Hulk est l’avocate Jennifer Walters, cousine de Bruce Banner, qui, suite à des événements changeant au gré des réécritures, se retrouve avec le sang de son cousin et PAF, ça fait un Hulk. L’intérêt ici, c’est qu’Hulk est une personnalité presque à part de Bruce, basée sur sa colère (je schématise, on n’a pas le temps), alors que la frontière est beaucoup plus trouble concernant Jennifer. Moins forte que son cousin, elle garde cependant toute son intelligence et sa personnalité, lui permettant de continuer à être avocate, que ce soit sous sa forme humaine ou sa forme d’Hulk.

Le tome qui nous intéresse aujourd’hui est une belle façon de découvrir le personnage. De retour à une vie aussi normale que possible après une période… compliquée scénaristiquement pour elle dirons-nous, Miss Hulk est confrontée à des problèmes très terre à terre. Pas de travail, obligée de faire appel à la charité de ses amis, Jennifer fait en plus face au retour énigmatique d’un ancien collègue des Vengeurs (oui, oui, des Avengers).

Possédant un style léger, une belle relation entre les surhumains (héros comme vilains) et une humanité très plaisante, le récit est agréable à suivre. Le fait de centrer son récit autour de Miss Hulk, de ses tentatives de redonner du sens à sa vie et de l’évolution progressive des sentiments qu’elle a envers son invitée surprise permet d’éviter et de pardonner beaucoup de défauts inhérents aux comics Marvel récents.

J’entends par là l’absence totale d’épique (qui fait ici sens dans un récit plus tranche de vie que super-héroïque, au final), l’humour bon enfant / ironique malheureusement commun au genre ces dernières années (justifié par le fait que le personnage a toujours versé dans ce genre d’humour depuis John Byrne, c’est même un précurseur dans le domaine), et des dessins parfaitement passe-partout tels que le pratiquent le gros des dessinateurs chez la « Maison des Idées » (ils sont cependant assez adaptés au récit, mais heureusement que l’aspect baston du personnage n’est pas vraiment abordé, sinon ce serait une catastrophe). Les références à un passé assez lointain pour certains lecteurs sont par contre un point négatif pour les occasionnels des comics qui risquent d’être un peu perdus.

Néanmoins, le personnage est lumineux, positive malgré les difficultés, et elle représente la femme forte et déterminée sans trop se forcer. À l’opposé d’autres récits, alourdis par un besoin maladif de dire la puissance et la liberté de leurs personnages féminins, le comics se contente de le montrer… Ce qui est beaucoup plus pertinent pour une bande dessinée. À ce titre, je tiens à préciser que les couvertures sont sublimes et illustrent parfaitement ce « Show, Don’t tell ».

Un premier tome qui laisse une bonne impression et qui annonce une petite série sans trop de conséquences mais très sympathique, qui laisse un joli souvenir. L’inverse total de la série télé, donc.