Si vous avez le moral en berne, passez votre chemin ! Avec 12 jours, Raymond Depardon nous plonge dans l'univers d’un hôpital psychiatrique de Lyon. Pendant 1h30, le spectateur suit une dizaine de patients, internés sous la contrainte. 12 jours, c’est le temps nécessaire aux personnes internées de force avant de rencontrer le juge qui se prononcera sur la prolongation de l'internement. La majorité des patients filmés sont conscients qu’un traitement et un suivi sont nécessaires, mais contestent la nécessité d’une hospitalisation. Face à des individus parfois cohérents, parfois moins, le personnel juridique peine à trouver des réponses adaptées et à prendre en compte leur avis en parallèle de celui des médecins. Depardon nous dépeint une situation difficile tant pour patients que pour les juges et les avocats. Difficile en effet de laisser partir une patiente qui souhaite mettre fin à ses jours.
Depardon nous livre ici un documentaire hors du temps. Entre les longs échanges des juges et des patients, le réalisateur glisse des plans des couloirs de l’hôpital, silencieux, nus, parfois troublés par les allers d’un patient ou d'un membre du personnel. Depardon s’efface complètement derrière sa caméra pour mieux laisser parler le silence et nous livrer des témoignages aussi bruts que possible.
12 jours interroge sur le traitement que l’on réserve à « nos fous ». Si on comprend certaines décisions, d’autres laissent perplexes. Peut-on empêcher un individu de se suicider ? Et dans quelle mesure, ces pensées suicidaires sont-elles le fruit d'une maladie et non le résultat d’un ras-le-bol face aux souffrances passées ?
Un documentaire complexe et troublant qui montre la diversité des situations mais aussi la complexité de faire la part des choses entre privation de libertés et protection des individus. Dans une société qui a proclamé que l'homme était rationnel, difficile de trouver des réponses adaptées à ceux qui a priori ne le sont pas.