À Zhili, ville-dortoir située à 150 km de Shanghai, dans cette cité entièrement dévouée au textile, se trouvent pas moins de 18 000 manufactures (des ateliers où s’entassent jusqu’à 200 000 travailleurs migrants) spécialisées dans la confection de vêtements pour enfants.
Les films démesurés sont une habitude chez Wang Bing, comme en atteste sa filmographie, notamment avec À L'ouest des rails (2003) 铁西区 d’une durée de 9h ou encore Les Âmes mortes (2018) 死靈魂 et ses 8h au compteur. Mais ici, il ne s’agit pas vraiment d’un "film de cinéma", il n’a pas vocation à être diffusé en salle, mais uniquement dans les galeries et musées, tout comme l’était Crude Oil (2008) 採油日記 où durant 14h, il avait filmé au sein d’une exploitation pétrolifère. C’est exactement la même chose ici, ces deux films ne sont pas faits pour être regardés d’une traite affalé dans un fauteuil, mais plutôt à l’occasion d’une exposition. D’une part parce que le procédé devient vite redondant et d’une autre, parce que l’on finit rapidement par trouver cela ennuyeux.
15 Hours (2017) 十五 小时 a cette particularité d’avoir été tourné en une seule prise durant plus de 15h, soit la durée d’une journée de travail d’un migrant. Si le sujet s’avère foncièrement intéressant (l’exploitation et l’aliénation à la tâche de la jeunesse chinoise), autant regarder la trilogie "Jeunesse" (Le Printemps : 春, Les Tourments : 苦 & Retour au pays : 归), d’une durée de 9h et qui traite exactement du même sujet, mais bien plus en profondeur et surtout, en s’intéressant à différents ateliers et travailleurs migrants, si bien que l’on n’a pas le temps de s’ennuyer ou d’avoir l’impression de toujours voir la même chose.
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