Cette guerre ne peut cesser qu'au dernier survivant.

Contrairement à ce que j'ai pu entendre, la Première Guerre mondiale est une époque historique qui a été aussi bien traitée que celle de la Seconde Guerre mondiale au cinéma, on compte pas mal de projets traitant ce contexte comme Cheval de Guerre, Joyeux Noël ou Le Tigre du ciel. Par contre, ce qui est nouveau, c'est de visionner un film de guerre totalement tourné en plan-séquence. C'était l'idée principale du réalisateur Sam Mendes, il voulait utiliser cette technique visuelle pour donner un côté réaliste et percutant des conditions infâmes de l'époque historique carabinée.


C'était également un projet personnel pour ce dernier, il voulait retracer certains gestes et sensations ressentis pas son grand-père à travers un projet se basant sur une histoire vraie. Moi qui adore les plans-séquence, je me suis régalé comme un enfant s'amusant gaiement avec son nouveau jouet. J'ai trouvé ce genre de technique cinématographique très immersif, très engageant et incroyablement saisissant, d'autant que le réalisateur nous a bien montré qu'il maîtrisait à la perfection ce genre de technique avec son introduction réussite du film Spectre. Le résultat est exactement le même, le film est une impeccable série de plans-séquence tournés avec minutie et précision.


Afin d'assurer une position sûre de la caméra, des maquettes ont été conçues pour étudier les mouvements de la caméra en fonction des futurs déplacements des personnages. Autrement dit, on simulait les scènes avant de les tourner en vrai. C'est une façon de faire qui a apparemment bien marché car pendant tout le visionnage, je n'ai pas vu un seul plan qui me paraît trompeur ou inutile. Le réalisateur Alfred Hitchcock avait réalisé ce genre de prodige avec son étonnant et mémorable réalisation La Corde.


Sam Mendes reproduit étonnamment le même travail avec la difficulté de le faire pour un film de guerre, genre de production bien plus mouvementé que celle de Hitchcock. Ce que je salue aussi est la variation du jeu de lumière et le changement d’atmosphère qui se produisent intelligemment entre chaque séquence, j'avais la nette impression qu'on passait d'un contexte dramatique à un autre plus horrifique sans ressentir la moindre gêne. Le réalisateur a également engagé les meilleurs spécialistes pour développer le plus possible l'aspect réel de la guerre, quelques kilomètres de tranchées ont été creusés et les acteurs portaient les vrais habits des soldats.


Les acteurs se voyaient obligés à apprendre à marcher avec les bottes de l'époque sans avoir des ampoules aux pieds avant le tournage. Concernant le casting, on a quelques célébrités qui se sont plus ou moins aventurées dans ce genre de contexte telles que Mark Strong ou Benedict Cumbertach. Cependant tout le mérite revient à George MacKay qui occupe pratiquement tout le long-métrage. Je ne le connaissais pas, mais je l'ai trouvé très convaincant dès les premières images. Il alimente avec une énorme facilité toutes les scènes avec beaucoup de vivacité, en particulier les scènes mouvementées qui nous embarquent comme un rien dès que ça commence.


On sent bien que Sam Mendes a cherché constamment les images les plus sensationnelles. Il ne s'est même pas gêné à garder une prise qui n'était pas prévue au scénario, c'était celle où le héros se fait bousculer par un figurant qui était parti trop tôt de son point de départ, juste un peu avant la fin de la production. Que dire de plus ! C'est un projet très soigné, je trouve même qu'il renouvelle le genre guerre d'une manière très efficace et purement exemplaire. 8/10




  • on devrait abréger ses souffrances.

  • non, apporte lui de l'eau, il a besoin de boire.


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le 4 avr. 2021

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LeTigre

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