Mendes qui court derrière Birdman/The Revenant et Dunkerque pour remixer les deux à la sauce "Tatata, je vais te faire vivre la grande guerre en direct !"
Bon, quand t'as Môssieur Roger Deakins à la photo, ça permet d'avoir un film qui a de la gueule, et qui sort des plans vénères durant les scènes nocturnes. Tout comme c'est bien de voir, contrairement à Nolan, un traitement sale du conflit avec des mecs qui marchent dans la merde, dans les cadavres, dans la putréfaction, dans les rats qui traînent... Bref, c'est la guerre, et c'est pas joli joli.
Et le principe de plan séquence non stop permet de sortir deux trois bonnes scènes, comme la première dans une base souterraine, ou celle de "la grange", même si c'est forcé...
Enfin forcé, c'est le maître mot.
J'avais l'impression que l'environnement changeait au gré des besoins narratifs de Mendes, qui fait apparaître de nulle part des pans entiers de décors en faisant un panneau.
Les mecs parlent face caméra d'un truc dont ils ont besoin et hop, demi tour et les voilà devant ce qui va les faire avancer !
Le plus flagrant étant du coup le passage de l'avion, avec la mort d'un des 2 personnages.
Tu te dis que le récit va devenir encore plus frontal en assumant la solitude du survivant mais voilà que 2 gus débarquent, puis un 3ème, puis en fait t'as carrément un régiment derrière le cadreur avec 3 camions et une Jeep ! Et tout ça en RASE COMPAGNE, dans des étendues planes, où un tel charter aurait été entendu à des kilomètres !
Étant donné le temps réel, la variété des décors présentés durant le film finit par accentuer l'aspect très artificiel de l'ensemble, où l'on sent le réal qui veut éviter la répétition, diversifier autant que possible le déroulé de son récit et où au final, même s'il ne se passe pas grand chose sur les deux heures de métrage, tout ça paraît aberrant pour un seul homme en seulement 2h.
Mendes veut en plus caser tous les passages inhérents du film de guerre, et se tire une balle dans le pied en structurant son film ainsi, l'enchaînement d'une scène à une autre étant parfois totalement inconsistant, et certains passages trop grossiers pour cacher leur fonction.
(dans le sous-sol avec la nana et le bébé, dans le genre fausse scène émotion... Ou Mark Strong qui dit, à un soldat engagé dans une guerre mondiale en cours depuis 3 ans, de ne pas trop s'attacher pour éviter de souffrir. NO. SHIT. SHERLOCK.)
Bref, ça aurait dû être d'une grande épure, sans compromis et immersif, mais c'est ultra hollywoodien, enfilant poncifs sur poncifs, et achevé par la musique omniprésente de Thomas Newman, qui s'inspire de Zimmer (SU-PER), et qui vient achever la crédibilité de l'ensemble en indiquant bien fort et lourdement ce que chaque scène doit véhiculer, tout comme la caméra passe son temps à aller d'un beau plan à un autre, donnant à l'ensemble un côté très poseur et calculé qui jure avec l'idée d'immersion directe sans filtre. La présence d'acteurs stars dans des rôles secondaires est d'ailleurs du même niveau...
Donc c'est certes bien fabriqué, mais totalement schizo et inabouti dans sa conception, pour ne pas dire pompier et lourdingue.