Dans ses nombreuses interview, Sam Mendes justifie l'utilisation du plan séquence unique dans son film comme un outil pour "favoriser l'engagement émotionnel du spectateur". Certes, on a vu avec les chefs d'oeuvres du genre qu'un plan séquence peut en quelque sorte suspendre le temps, tenir en haleine et nous accrocher aux personnages par l'utilisation de cette caméra qui ne les lâche jamais. Il dit aussi que c'est un outil pour "se sentir proche d'eux sans avoir à trop caractériser ses personnages". Dans tous les cas, l'effet ne fonctionne ici qu'à moitié : si l'immersion dans le récit est immédiate, l'engagement émotionnel est moindre, parce que le dispositif prend le dessus sur le récit, et que j'ai passé plus de temps à me demander comment tel ou tel plan a été exécuté et quelle est le point de vue de la caméra qu'à vraiment m'attacher aux deux soldats. Par ailleurs, l'utilisation du plan unique dans un tel récit implique des contraintes particulières, que l'on ressent avec des erreurs énormes dans la diégèse (on a du mal à comprendre l'évolution du temps) et les raccords (avec des disparitions / téléportations de personnages.). En tout cas, même si certaines péripéties évoquent un jeu vidéo (j'ai très fort pensé à Death Stranding, pour le pire et le meilleur) il n'en reste pas moins une photo incroyable de Roger Deakins, un des seul mec capable de filmer cette nuance de couleurs entre le jour et la nuit et un George MacKay impeccable en leader.