En lisant certains avis ici, je m'aperçois que la méconnaissance de cette période de l'histoire génère de fausses opinions. Assez fin connaisseur de cette guerre (en tout cas je le pense, ma fille de 2 ans et mon chien aussi. on est donc 3 quand même)) je pense de mon devoir de distiller quelques informations qui je l'espère vous aideront à vous faire votre propre avis de cinéphile sans utiliser de faux arguments. 1917 : l'opération Alberich : l'armée allemande se retire d'une poche qu'elle occupait dans le nord de la France dans le but de raccourcir le front et donc d'économiser des effectifs. Il s'agit d'une région du front qui ne présente aucun intérêt stratégique. Le retrait se fait sur une ligne fortifiée (la ligne Hindenburg) située quelques kilomètres en retrait, et bien plus facile à défendre. Le retrait se fait en toute discrétion. D'abord on "démonte" tout ce qui a de l'intérêt pour la suite de la guerre : mobilier (observez le vide des habitations dans le film), éléments métalliques. On détruit tout ce qui peut servir à l'ennemi : ponts sabotés (cf film), villages brûlés (cf film) , casernements piégés (cf film), arbres fruitiers sciés (cf film). Et on déporte les populations aptes à travailler, en laissant sur place les bouches inutiles (cf film). Les alliés sont sceptiques sur la réalité de ce retrait. surtout que quelques éléments allemands sont laissés sur le front pour continuer des combats sporadiques, et retarder l'avance alliée (le temps que le gros de la troupe arrive sur la ligne Hindenburg). Aussi n'y a t'il pas d'attaque alliée générale, mais plutôt l'engagement de quelques éléments de ci delà, en éclaireurs. On peut "admettre" que, grisé par la situation, un chef belliqueux n'engage trop loin ses troupes, pensant que l'ennemi s'enfuyait (alors que les allemands attendaient tranquillement derrière leur ligne fortifiée). Les transmisisons d'information : le téléphone existait, mais les lignes s'arrêtaient aux tranchés, quand il y en avait. Aussi employait on des pigeons voyageurs, et des soldats chargés de porter des messages, ce qui était jugé plus sûr. La présence des allemands : il ne restait donc que quelques éléments épars. Laissés sans nourriture (pendant cette guerre, l'armée allemande passe son temps à chercher à manger à cause du blocus naval des alliés) et donc se nourrissant des dernières vaches, et buvant leur lait jusqu'au dernier moment (cf film). La scène de l'attaque finale : on voit des tranchées à peine creusées, des soldats s'élançant dans la prairie, et un hopital de campagne en plein air. : forcément. Comme on l'a dit, les alliés pensaient poursuivre les allemands. Or quand on poursuit quelqu'un, on ne perd pas son temps à creuser profond. Ni à s'installer. Dans cette situation, pour protéger l'hopital, il suffit de l'installer derrière une colline, afin qu'il échappe aux tirs des canons. Il y a quand même des éléments dans le film qui sont "douteux" : - pour illustrer la symbolique d'une guerre commencée à cheval et finie en char blindé, le réalisateur dissémine dans l'ordre chronologique des cadavres de chevaux et des épaves de tanks. Or en 1917 on attaque plus en lançant la cavalerie contre le sbarbelés (elle reste protégée en arrière en attendant que l'infanterie ait percé le front). et on attaque encore peu avec des tanks (peu nombreux, ils sont réservés pour les grandes offensives). -les allemands manquaient cruellement de métaux. Lorsque les héros traversent le parc d'artillerie, certes ils ont pu voir des vieux canons intransportables laissés sur place après avoir été sabotés, ce qui esr quand même douteux, mais en aucun cas ils n'ont pu marcher au milieu des douilles métalliques d'obus. Car les allemands recyclaient absolument tout.Par contre cette image est très symbolique de l'acharnement qu'ont mis les hommes à se bombarder, et aurait été visible coté allié (on ne recyclait pas). Si vous coulez ressentir ce que les soldats de l'époque ressentaient, allez vous balader dans les tranchées là ou il y en a encore : aurtour de Verdun, et surtout à la main de Massiges vers Reims ou une association de bénévole les a dégagé sur plusieurs centaines de mètres. Impression garantie.

jfi33
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le 21 janv. 2020

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