Pas spécialement adepte des films de guerre, je suis allé voir 1917 parce que tous les autres films à l'affiche me donnaient encore moins envie ! Les affiches qui vantaient une "immersion au cœur du chaos" me donnaient l'impression d'un film vulgaire de plus.


Et pourtant ! La première heure est un véritable choc. Il y a quelques scènes moins convaincantes dans la deuxième partie, mais le final est assez extraordinaire. L'avant dernière scène, lorsque arrivé au bout de son odyssée Schofield, héroïque, monte au-dessus des tranchées pour traverser plus rapidement, avec la musique qui va bien, m'a foutue les poils. Schofield traverse l'écran à la verticale, alors que tous les autres soldats attaquent à l'horizontale, beau comme un Mondrian vu la veille !


La promesse d'un unique plan-séquence me faisait peur, ayant détesté le grandiloquent et niais Birdman d'Innaritu, alors qu'ici j'ai trouvé ça pertinent et maîtrisé, sans être tape-à-l’œil. C'est vrai que cette mise en scène rend la guerre plus immersive, sans tomber dans la vulgarité du "comme si vous y étiez aussi". Au début, on cherche les collures, puis rapidement on oublie la technique pour se laisser emporter, et même gagner par l'émotion dans mon cas.


Le film est vraiment intense. Il alterne le catalogue convenu des moments de bravoure, de rire (la complicité des deux trouffions), de tendresse (drôle de scène de rencontre avec des civils, femme et enfant), de poésie (j'ai été touché par les cerisiers coupés par les allemands qui "repousseront en plus grand nombre" et qui neigent sur Schofield dans la scène de la rivière), d'émotion (il y a quand même des morts à la guerre), d'horreur (la main dans les entrailles d'un mort - ahhh). Et pourtant tout ça a bien marché sur moi !


Quelle connerie, la guerre. La boucherie est bien montrée, sans être glorifiée ou esthétisée. Lors de la scène où Schofield passe entre les gueules cassées à l'infirmerie, on pense aux gravures d'Otto Dix. Et on pleure.

Jo_Babouly
8
Écrit par

Créée

le 27 janv. 2020

Critique lue 166 fois

Jo_Babouly

Écrit par

Critique lue 166 fois

D'autres avis sur 1917

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

104

1917
guyness
5

Fier Mendes (dans le nord de la) France

Certains films souffrent de leur intention. Surtout quand cette intention est mise en exergue par leur promotion. Impossible alors de ne voir que le résultat sans juger l’œuvre à l'aune de ce qui...

le 15 mars 2020

150 j'aime

20

1917
Halifax
9

Course contre la mort

France, 1917, une prairie. Première respiration et premier mouvement de caméra. A partir de maintenant et pendant presque 2h, cette caméra ne s’arrêtera plus de tourner, de monter, de descendre,...

le 8 janv. 2020

97 j'aime

7

Du même critique

Julie (en 12 chapitres)
Jo_Babouly
3

Le film a l’air Metoo

Quatre à la suite ! Dans la série “Les réalisateurs de films festivaliers font tous le même film”. Ruben Ostlund avait ouvert le bal avec The Square, puis Thomas Vinterberg avec Drunk, Léos Carax...

le 2 nov. 2021

9 j'aime

3

Les Siffleurs
Jo_Babouly
3

Critique de Les Siffleurs par Jo_Babouly

J'ai pas vu l’intérêt du film. Le coté thriller est raté à cause d'un scénario à effets de surprise bien vain. Si on comprend bien chaque rebondissement, en revanche on n'a aucune vision claire de...

le 20 janv. 2020

8 j'aime

3

Le Lac aux oies sauvages
Jo_Babouly
6

Critique de Le Lac aux oies sauvages par Jo_Babouly

Polar alambiqué où se rencontrent un chef de gang (sorte de Bruce Lee Lidl) qui a tué un policier et une prostituée (Jean Seberg en baigneuse qui rappelle la Nouvelle Vague) qui cherche à l'aider, ou...

le 13 janv. 2020

5 j'aime

2