Pas spécialement adepte des films de guerre, je suis allé voir 1917 parce que tous les autres films à l'affiche me donnaient encore moins envie ! Les affiches qui vantaient une "immersion au cœur du chaos" me donnaient l'impression d'un film vulgaire de plus.
Et pourtant ! La première heure est un véritable choc. Il y a quelques scènes moins convaincantes dans la deuxième partie, mais le final est assez extraordinaire. L'avant dernière scène, lorsque arrivé au bout de son odyssée Schofield, héroïque, monte au-dessus des tranchées pour traverser plus rapidement, avec la musique qui va bien, m'a foutue les poils. Schofield traverse l'écran à la verticale, alors que tous les autres soldats attaquent à l'horizontale, beau comme un Mondrian vu la veille !
La promesse d'un unique plan-séquence me faisait peur, ayant détesté le grandiloquent et niais Birdman d'Innaritu, alors qu'ici j'ai trouvé ça pertinent et maîtrisé, sans être tape-à-l’œil. C'est vrai que cette mise en scène rend la guerre plus immersive, sans tomber dans la vulgarité du "comme si vous y étiez aussi". Au début, on cherche les collures, puis rapidement on oublie la technique pour se laisser emporter, et même gagner par l'émotion dans mon cas.
Le film est vraiment intense. Il alterne le catalogue convenu des moments de bravoure, de rire (la complicité des deux trouffions), de tendresse (drôle de scène de rencontre avec des civils, femme et enfant), de poésie (j'ai été touché par les cerisiers coupés par les allemands qui "repousseront en plus grand nombre" et qui neigent sur Schofield dans la scène de la rivière), d'émotion (il y a quand même des morts à la guerre), d'horreur (la main dans les entrailles d'un mort - ahhh). Et pourtant tout ça a bien marché sur moi !
Quelle connerie, la guerre. La boucherie est bien montrée, sans être glorifiée ou esthétisée. Lors de la scène où Schofield passe entre les gueules cassées à l'infirmerie, on pense aux gravures d'Otto Dix. Et on pleure.