Réalisateur et producteur à l'origine des deux derniers volets traitant des aventures du cultissime agent 007, Sam Mendes revient 5 ans après dans un tout autre registre, avec 1917.
L'histoire prend place sur le front ouest, alors théâtre principal de la Première Guerre mondiale, opposant l'alliance aux forces allemandes. Schofield et Blake, deux jeunes soldats britanniques, se voient attribuer une mission qui en l'état semble impossible. Au péril de leur vie, ils devront traverser les lignes ennemies, afin de remettre à temps, un message qui sauvera la vie de 1600 hommes, dont le frère de Blake.
Un 1917 qui s'avère être bien plus qu'un tour de force technique
Bluffant, émouvant, intense, beau, sont autant de qualificatifs que l'on peut attribuer à ce film.Il faut savoir que Sam Mendes n'en est pas à son coup d'essai. En 2005, sortait
Jarhead son premier film sur le thème de la guerre.
Cependant, 1917 se veut plus intimiste dans son approche. L'œuvre ne décrit pas la guerre, mais une tranche de vie dans la guerre. Un moment isolé parmi d'autres, subtil et à la mise en scène parfaitement calibrée.
Difficile de passer à côté d'un des éléments principaux du film, 1917 est un plan-séquence de 2h. Certes, ce dernier est réalisé en plusieurs fois, cependant force est de constater que l'exercice est rondement mené.
Loin d'être purement artistique, il vise à renforcer la sensation d'immersion pour le spectateur.
Ainsi, ce dernier n'est pas passif, mais devient membre à part entière de la pièce qui se joue sous ses yeux.
On doit cela à la collaboration avec Roger Deakins, Directeur de la photographie, qui nous livre un travail remarquable. Ce dernier nous conduit dans les tranchées et terrains délabrés, sans que la caméra ne s'éloigne jamais des personnages.
La grande qualité du travail de reconstitution des décors et des costumes n'est pas en reste. Il s'agit d'une réussite totale qui permet au film de se positionner dans le genre "historique".
Comme le dit l'acteur Georges MacKay (Schofield) dans le
making-of du film, "
c'était comme une pièce de théâtre à chaque prise, quand cela démarre, on ne peut pas l'arrêter".
1917 est une course à la montre et la sensation que l'on éprouve est celle d'une tension quasiment systématique.
Un film de guerre, certes, mais pas comme les autres
Si le film est bien le théâtre des affrontements entre les Anglais et les Allemands, il est étonnant de voir qu'il fait assez peu dans le sensationnel, pour s'avérer être plutôt subtil.
Contrairement à un Dunkerque de Christopher Nolan qui se veut plus viscéral, 1917, s'attarde principalement sur l'évolution de ses protagonistes.
Le récit nous décrit l'évolution de leur relation, tout en nous mettant face au destin d'un chacun.Bien que la tension soit omniprésente, l'ennemi est globalement assez peu montré à la caméra, offrant une menace quasiment intangible, voir fantomatique aux héros.
Les plans sont saisissants et retranscrivent parfaitement l'émotion et le propos de chacune des scènes. On bascule alors, entre moments de tension et d’accalmie où l'humanité des personnages est davantage perceptible.
Mendes parvient ainsi à faire ressortir le meilleur de ces moments pour nous montrer la détresse des personnages et l'absurdité de la guerre qu'ils mènent.
Mention spéciale à la scène nocturne, dans la 3e partie du film à l'ambiance quasi-onirique, qui s'avère être l'une des plus belles du film.
Les compositions de Thomas Newman sont d'une grande justesse, tant elles servent le propos à l'image, rajoutant à la formule une note de poésie supplémentaire, bien méritée.
Un ending moyennement satisfaisant ?
Le récit des soldats Schofield et Blake est assurément captivant tout au long du film. Avec son scénario simple au premier abord, il apparaît plus profond, dans ce qu'il raconte de la guerre.
On sent l’inspiration de Mendes provenant de films tels que "
Il faut sauver le soldat Ryan" ou "
Apocalypse Now".
Cependant, bien que les deux premières parties offrent des rebondissements qui permettent de rester en haleine, la fin quant à elle s'avère être en deçà.
1917, n'en reste pas moins un "must-see" pour toutes personnes sensible au thème qu'il aborde. Rien d'étonnant à ce qu'il ait été
nominé aux oscars 2020 pour les catégories : meilleur film, réalisateur, photographie, ainsi que meilleur scénario original.
Si vous ne l'avez pas encore vu, n'attendez plus, foncez !