Film à oscars techniques, une évidence presque déjà toute dessinée pour le dernier film de Sam Mendes, chéri britannique d'Hollywood où chaque nouvelle réalisation est attendue de pieds fermes. Rien de surprenant de le voir donc se démarquer de la production souvent codifiée du film de guerre en faisant mine de filmer deux soldats missionnés pour aller porter un message auprès d'un autre bataillon sous forme de faux plan-séquence.
Techniquement, le film est abouti et présente une majestueuse copie qui n'évite en revanche pas quelques gimmicks pour créer du spectaculaire plutôt malin dont certains y verront sans doute des éléments de narration à part entière, l'expression directe de ce que ressentent les personnages. Le fait que le héros chevauche des cadavres, visite un nombre de lieux très variés (plaines, cave, grange, torrents, etc.) joue des coudes pour passer à travers une foule de soldats alors que le chemin d'à côté est libre participent à créer du mouvement, un effet de chaos, pour occuper le cadre et donner du rythme à un plan aussi long soit-il. Des tics comme cela, il y en a, à la pelle, de l'écran noir aussi. Le film semble d'ailleurs divisé en deux faux plans-séquences. De la posture, aussi, donnant au jeune soldat des allures d'héros tenant bon, tenant droit face à l'ennemi, les séquences de nuit -sublimes- en sont de bons exemples.
La sensation de film sur rails prédomine donc un peu trop par rapport aux réels enjeux dramatiques que le genre peut distiller. Regardez City of Life and Death (Nanjing Nanjing) de Lu Chuan ou encore Les Démons à ma porte de Jiang Wen, deux grands films de guerre chinois particulièrement travaillés et portés par une photographie en noir et blanc remarquable, infiniment plus intenses d'un point de vue émotionnel que ce roller coaster certes virtuose, mais manquant de subtilités et sentant un peu trop le film de procédés. On appréciera quand même le spectacle.