28 ans plus tard
6.3
28 ans plus tard

Film de Danny Boyle (2025)

Boyle et Garland avaient dit qu’ils ne reviendraient que s’ils avaient une idée, une bonne...

J’ai pourtant l’impression que le film se cherche tout du long. Beaucoup de mouvement, pas de direction. Comme un poulet décapité qui continue de courir sans savoir où il va, il a le cœur mais pas la tête. Le film se gave de tics de mise en scène, de plans débulés à la chaîne, de cuts agressifs, de ruptures de ton, de gimmicks expérimentaux. Du style sans nécessité, du geste sans portée. Une expérimentation qui brasse de l’air.


Il y a pourtant des moments réussis. Une scène de poursuite avec un alpha notamment, efficace, tendue, bien montée (insérer ici blague graveleuse évidente pour qui aura vu le film). Mais là aussi, le payoff ne suit pas. Le film n’a de cesse de teaser ses menaces par quelques montages annonçant la tension à venir. Le problème étant qu’il n’est jamais à la hauteur de ce qu’il évoque. Il promet, mais n’accomplit que peu. Comme s’il n’osait pas, ou qu’il n’avait pas les moyens d’assumer les menaces qu’il avait proférées plus tôt. D’autant plus que les personnages qui sont confrontés aux conséquences dramatiques de ces dangers sont des personnages secondaires, interchangeables, anonymes. L’affect est évacué, les enjeux vidés.


Je vais tout de même souligner le travail de Young Fathers sur l'OST qui, s'ils ne m'ont pas toujours semblé juste dans les intentions, amènent ici un habillage puissant et mélodieux et subliment quelques scènes de tension.


Pour revenir à des points moins glorieux, le plus dommageable du film est mon sens sa structure, bâtarde ; Une première partie qui instaure une dynamique père-fils classique mais efficace, et place quelques enjeux basiques sur fond de rite initiatique. L’ensemble se tient raisonnablement bien, mais se résout trop rapidement, après quelques péripéties pas très inspirées, laissant place à une seconde partie, vaguement connectée, aux enjeux qui diffèrent, et qui laisse à se poser la question de la pertinence de la première partie aux yeux de la seconde, mais donc également de la seconde aux yeux de la première, et donc, logiquement, celle du film en lui-même dans son entièreté. Cette seconde partie se résoudra, elle aussi, bien trop vite. Et chacune d’entre elles donne l’impression d’être là pour meubler plutôt que pour raconter.


Mais c’est donc là, après la conclusion de cette seconde partie, qu’intervient une scène à l’absurdité et à la gratuité absolument ostentatoire et totalement volontaire. Une scène qui ne produit pas l’effet escompté sur mes comparses et moi-même, et qui résonne d’une façon bien particulière, car il s’avère que c’est la dernière. En effet, le générique se met à défiler, et c’est là que nous nous rappelons qu’il s’agit du premier film d’une potentielle trilogie. Ce qui explique, mais nullement justifie, le fait que ce film ne se suffise à lui-même.


Reste qu'il n’y a rien dans ce film qui me motive à aller voir le suivant. Je ne peux pas dire que je me suis ennuyé, certains passages m'ont captivé, mais il ne me laissera rien, aucun héritage ni souvenir. C’est un film absolument dispensable, certainement le plus dispensable des trois opus.

28 ans plus tard ressemble au caprice d’une équipe qui pouvait se le permettre, à un brouillon énervé, un film qui gesticule, qui court après l’effet, pendant que les idées traînent loin derrière.

J0N
5
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le 24 juin 2025

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J0N

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