Clarisse Sterling,lieutenant de police enthousiaste,réalise son rêve d'intégrer la mythique Brigade Criminelle de Paris située au 36 Quai des Orfèvres,ce qui lui donne l'occasion de travailler au côté de son idole,le célèbre commissaire Keller.La jeune femme tombe en plein dans la traque d'un tueur en série qui sévit en région parisienne et qui s'inspire pour ses meurtres des comptines enfantines style "Une souris verte" ou "Promenons-nous dans les bois",et qui déguise ses victimes avec des costumes d'animaux.Ce premier film du réalisateur,scénariste et dialoguiste Benjamin Lehrer a remporté le Grand Prix du Festival du film d'humour de l'Alpe d'Huez 2023,ce qui parait un poil excessif.Certes ce polar parodique est plutôt sympa,mais c'est aussi assez léger et s'il n'y avait rien de mieux parmi les oeuvres présentées cette année-là,ça confirme la baisse du niveau du cinéma français.D'ailleurs ça s'est planté en salles et la critique a étrillé cette petite comédie.Autant le dire,l'histoire n'a aucun intérêt,les personnages sont sans profondeur et la narration est très relâchée.Il s'agit en réalité d'une suite de sketches et de gags référentiels s'amusant à tourner en dérision les codes des thrillers et des séries policières américaines ou françaises.C'est totalement loufoque,burlesque et absurde,l'humour s'appuyant sur des jeux de mots débiles et des personnages barrés,de manière souvent drôle.Il faut apprécier ce genre de plaisanteries non-sensiques qui rappellent les ZAZ dans le traitement humoristique et singent principalement "Le silence des agneaux" dans la dimension policière.Si on y est allergique,on risque de s'ennuyer ferme devant cet étalage de palinodies délirantes.Les acteurs,bien choisis,s'immergent dans un premier degré réjouissant pour camper efficacement des protagonistes bien allumés,qu'il s'agisse des victimes,du coupable ou des enquêteurs.La jolie Caroline Anglade,nommée presque comme l'héroïne du "Silence",fait preuve d'une belle énergie en inspectrice maligne et motivée plongée dans un contexte pour le moins décevant.Elle est égarée au milieu de collègues incompétents,de reporters drogués au scoop et d'autorités policières,juridiques et politiques qui se contrefoutent de la vérité pourvu qu'on leur fournisse rapidement un coupable relativement crédible,chacun ne pensant qu'à sa carrière.Cette satire des moeurs contemporaines se cristallise autour de la personnalité flamboyante de Keller,joué par un Didier Bourdon en forme et en formes,un flic d'élite cerné par une cour de fayots qui est obsédé par sa cote de popularité et passe son temps à scruter son nombre de likes et de followers sur les réseaux sociaux,se sentant plus à l'aise dans les conférences de presse que lors des investigations.Son commissaire mégalo et frimeur,fétichiste de l'ananas, se réfère à celui de Bialès dans "La cité de la peur",la Carioca en moins.Les personnages tarés abondent,ce qui offre un beau terrain de jeu à des acteurs déchaînés comme Yann Papin en lieutenant incapable et servile qui s'évanouit à la moindre occasion,Artus en médecin légiste fou furieux qui achève les blessés pour pouvoir les autopsier tranquillement,Pascal Demolon en serial killer manipulateur épigone d'Hannibal Lecter,Frédérique Bel en journaliste fouineuse,Thierry Desroses en directeur de la police sans éthique,Philippe du Janerand en toubib chafouin ou le colosse Vincent Deniard qui interprète un invraisemblable "berger travesti à couettes le plus célèbre de France".Plus des apparitions de Jérôme Anger,qui coproduit le film,en procureur pressé d'en finir avec cette affaire,et d'un Stéphane Bern inattendu en prisonnier en costard qui accueille les visiteurs d'un jovial "bienvenue dans la plus belle prison de France!" lancé du fond de sa cellule.