5 centimètres par seconde
6.7
5 centimètres par seconde

Long-métrage d'animation de Makoto Shinkai (2007)

Voir le film

Après quelques productions intéressantes, revoici Shinkai, qui sans surprise, bâtit une nouvelle fois son histoire autour de la séparation et de la solitude. Des thématiques qui lui sont chères, mais qui l'avaient handicapé avec des écritures trop complexes ou des fautes de goût, mais cette fois ci il va au plus simple, plaçant son histoire à notre époque, à la fois dans Tokyo et les zones rurales, délaissant les mechas et autres inventions fantaisistes afin de mieux se concentrer sur l'histoire elle-même. Dès l'ouverture les plans en jettent, une rue, des pétales de fleurs qui tombent comme de la neige, un couloir de lycée avec une lointaine lumière, l'auteur veut s'affirmer et montrer tout de suite chez qui on est. Il aime les lumières de Tokyo, artificielles ou non, que ça soit celle d'une flamme ou d'un voyant de distributeur de boisson, montrant encore une nouvelle fois le soucis du détail qu'on lui connaît. Il pousse même le vice jusqu'à donner à un intérieur de train un réalisme rarement atteint, avec certaines textures d'une finesse les rendant presque palpables.
Il aime aussi les chutes d'objets, c'est pour cela qu'il enchaînera automne et printemps, lui permettant de faire tomber pétales de fleurs de cerisiers, à cinq centimètres par seconde, puis flocons de neige, sous tous les angles, tous les focus, et toutes les vitesses possibles, réussissant à donner un côté rural à Tokyo, qui passe de mélancolique avant la séparation à froid ensuite. Le personnage se permet même de faire revivre le printemps à nos protagonistes, qui une fois réunis, revivent l'automne sous les flocons d'hiver. Une vraie féerie visuelle, mais si cet aspect est grandement réussit, son histoire elle-même a tout pour diviser le public. Shinkai s'immisce dans les journaux intimes de deux enfants qui deviennent ados puis adultes, et forcément, ce genre de sujet aura tendance à en rebuter plus d'un.


Bref, 5cm per second vient une nouvelle fois prouver que Shinkai sait manier son sujet, et son côté fleur bleue nous donnera le sentiment d'être absorbé dans un gros chamallow, bien que tout le monde n'y soit pas réceptif.
Après The voices of a distant star et La Tour au-delà des nuages, l'auteur nous montre qu'il a appris de ses erreurs, et réussit enfin à nous faire partager ses émotions, sans que rien ne vienne l'entacher (si ce n'est certains effets lumineux un peu too-much, renvoyant d'ailleurs à ceux de La tour au-delà des nuages).
Pour conclure, les amateurs de dramas auront un produit de qualité livrant de multiples facettes, allant de la tristesse de l'enfant jusqu'à la nostalgie du jeune adulte, évitant le côté fataliste de bon nombre de productions du genre. A l'inverse, si le genre ne fait pas partie de vos favoris, regardez autre chose, à moins de n'avoir uniquement envie d'en admirer les décors.
Mention spéciale pour le générique, placé délibérément à la fin, et rythmé par l'un des slows les plus vendus au Japon, One More Time, One More Chance de Masayoshi Yamazaki. Shinkai voulait avec ce choix finir sur la note la plus romantique qui soit, et à laquelle aucun nippon n'aura pu être insensible. Cela vient d'ailleurs clôturer l'ensemble avec une touche d'espoir, de joie de vivre, tranchant littéralement avec les précédentes créations de l'auteur, et tendant à faire penser qu'il a abandonné une époque d'incertitude et de peur, et avance d'un pas confiant vers l'avenir, avec un regard bien moins fataliste et cynique.
SlashersHouse
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 21 janv. 2012

Critique lue 2.4K fois

27 j'aime

SlashersHouse

Écrit par

Critique lue 2.4K fois

27

D'autres avis sur 5 centimètres par seconde

5 centimètres par seconde
Dimitricycle
1

Je vais me mettre à dos les cent

J'espère que je ne vais pas m'aliéner trop de gens avec une critique aussi négative, mais là, devant la quasi-unanimité envers "5 centimètres par seconde", j'étais obligé (faut que les gens...

le 30 mars 2011

51 j'aime

86

5 centimètres par seconde
Garcia
3

Un vrai calvaire

Pourquoi ? C'est bien simple, impossible de faire plus dégoulinant de mièvrerie, de romantisme facile, de beauté fausse et de nostalgie en toc. Le dessin des personnages n'est pas génial et les...

le 2 avr. 2011

44 j'aime

19

5 centimètres par seconde
SBoisse
8

L’homme qui aimait la fuite des trains et des amours mortes

Au désespoir de mes garçons, j’aime bien ce gars. Makoto Shinkai est le cinéaste des amours enfantines, des rencontres inabouties, des souvenirs douloureux. Le poète abuse d’admirables scènes...

le 13 juin 2017

39 j'aime

1

Du même critique

God Bless America
SlashersHouse
9

This is the best day ever !

Qui aurait pu dire que Bobcat Goldthwait, auteur de World's Greatest Dead, laisserait tomber la critique fine pour la pochade délurée et immorale ? Un coup de sang après avoir zappé, tout comme son...

le 9 avr. 2012

97 j'aime

16

Tucker & Dale fightent le mal
SlashersHouse
8

White Trash Beautiful.

Véritable coup de grisou sur la toile, Tucker et Dale ont fait parler d'eux plus que n'importe quel direct-to-dvd, et ont largement accumulé les récompenses lors de différents festivals (AMPIA,...

le 8 juin 2011

86 j'aime

15

Ted
SlashersHouse
3

Ted l'ours lourdingue.

Seth MacFarlane, père de la séries Les Griffin, nous livre ici son premier long-métrage qu’il réalise, écrit et produit. Les Griffin connait autant de fans que de détracteurs, la raison étant souvent...

le 30 août 2012

49 j'aime

8