Explosif, brutal, poignant.
(...) Ne nous mentons pas, le sujet choisit par le réalisateur était casse-gueule. Non pas qu’il y ait vraiment des centaines de films célèbres traitant de l’Irlande des années 1970, mais plutôt parce qu’un film de guerre n’est par définition pas une mince affaire. Quel acteur prendre pour le rôle-titre? Quel point de vue adopter? Quelle quantité de violence montrer? Pour quel dénouement opter? Tant de questions qui, si elles ne disposent pas d’une réponse suffisante, peuvent détruire un film. Ou du moins ternir le souvenir que l’on en garde. Mais par chance, avec ’71, Yann Demange a su faire des choix cohérents, en respectant Histoire et convictions personnelles. Et rien que ça, c’est déjà un exploit ! Oscillant constamment entre pur drame et film de guerre, ’71 prend de temps à autre des tournures de thriller. Notamment lorsque le rythme se veut plus lent, que les protagonistes remettent leurs pions en place et que, spectateurs, nous redoutons le coup de feu qui fera tout basculer.
Et des coups de feu, ce n’est pas ce qui manque dans ’71. Mais au lieu de nous offrir les mêmes tirs visuellement parfaits, quasiment esthétiques, le réalisateur a choisi une toute autre voie : la caméra portée et le réalisme à tout prix. Du coup, rares sont les plans d’ensemble nous présentant « correctement » la situation ou bien les champs/contrechamps très explicites. Au contraire, Yann Demange a tout misé sur la sensation d’immersion, nous offrant quelques très beaux plans et séquences en caméra subjective, où la caméra ne fait que trembler, nous donne le tournis et nous force à réévaluer les autres films de guerre. Une chose rendue possible grâce à un très bon scénario écrit par Gregory Burke. Véritable clé de voûte, ce scénario associé au talent de Yann Demange donne un résultat (d)étonnant et fort plaisant, un moment de cinéma que l’on peut difficilement oublier.
A l’instar de la performance de Jack O’Connell. S’il nous avait agréablement surpris dans Les Poings contre les murs, il nous impressionne littéralement dans ’71, film qui rayonne par sa seule présence. Car son jeu d’acteur fait mouche, peu importe les scènes. De même pour le reste du casting qui, même s’il est parfois un peu caricatural, laisse planer une ambiguïté permanente. Parti pris du réalisateur, aucun « camp » n’est présenté comme le gentil ou le méchant de l’histoire. De ce fait, impossible de choisir qui mérite de s’en sortir ou encore qui est vraiment coupable. Mais au fond, peu importe puisque ce n’est pas là le propos du film. Ce dernier traitant avant tout de l’instinct de survie d’un homme, Gary Hook, et des hommes en général en période de conflit armé. Et à ce niveau-là, ’71 ne fait pas dans la dentelle. Comprenez qu’il y a de lourdes pertes dans les deux « camps » et que le réalisateur a su rendre chacune d’elles remarquablement marquante. Au point que si vous ne sursautez pas, c’est la personne confortablement assise à vos côtés qui le fera. Et pas qu’un peu ! (...) WYZMAN
Retrouvez l'intégralité de notre avis à propos de '71 sur Le Blog du Cinéma