La capitale d'Irlande du Nord a connu de nombreux remous dans son histoire, entre guerre civile et conflits d'indépendance. Au cinéma, Belfast est la ville où il ne fait pas bon passer une nuit. Huit heures de sursis pour Johnny McQueen, sous la direction du grand Carol Reed, dans les ruelles menaçantes de la ville et des heures interminables, à frôler la mort, pour le héros de '71.
'71, comme 1971. Belfast est alors dans une situation plus que confuse. L'armée anglaise, venue remettre un peu d'ordre, est très mal reçue par une partie des habitants, entre insultes et jets de pierres, jusqu'au coup de feu. C'est au milieu de ce tintamarre aussi violent qu'inattendu que Gary perd la trace de son unité, forcé à passer la nuit seul en milieu extrêmement hostile pour son uniforme. Son but ? Rentrer chez lui, retourner à sa base et, surtout, survivre. C'est ainsi que débute cette histoire aristotélicienne mise en scène par un inconnu : Yann Demange.
La mobilisation des habitants venus manifester leur mécontentement aux soldats arrive telle une onde de choc, avant de littéralement exploser. Dès lors on sait que le conflit est sérieux, et surtout très dangereux. Point de départ d'une rythmique filmique affolante, qui ne lâchera pas avant le dernier coup de feu. À partir d'une scène '71 vous surprend, vous prend à la gorge et ne vous lâche plus. Tant pis si la chance démesuré du héros manque de crédibilité, le réalisateur nous emporte dans sa frénésie. Le souffle se perd, le rythme s'accélère, on assiste ici à du grand cinéma d'action mené tambour battant.
Sorti de nulle part, '71 est cadeau surprise qui vous explose à la figure. Une fois n'est pas coutume, c'est à un français que l'on doit ce thriller haletant, démontrant une assurance de cinéma évidente pour un auteur dont on réentendra forcément parler.