99 Francs est un véritable trip visuel, un film psychédélique à la frontière du délire et de la satire. Jan Kounen nous propulse dans le cerveau survolté d’un publicitaire mégalo et drogué, avec une mise en scène frénétique qui n’est pas sans rappeler Las Vegas Parano — mais en nettement moins maîtrisée. Là où Terry Gilliam canalise le chaos pour en faire du sens, Kounen s’y perd parfois, emporté par ses propres effets.
Sous ses excès visuels et son humour acide, le film aborde pourtant des thèmes intéressants. L’addiction, la peur de l’engagement, la fuite en avant des hommes éduqués dans le culte de la performance et du plaisir immédiat… tout cela est bien vu et plutôt bien rendu. Il y a une vraie réflexion sur le vide existentiel caché derrière la frime et la défonce.
La relation passionnelle au cœur du film est captivante, mais trop axée sur la sexualité. On sent la puissance du désir, la dépendance affective, mais le manque de profondeur émotionnelle empêche ces personnages de réellement exister en dehors du chaos qui les entoure. C’est frustrant, car tout était là pour aller plus loin.
Quant à la critique du monde de la publicité, elle est aussi juste que caricaturale. Le film dit vrai — oui, la pub manipule, ment et glorifie le superficiel — mais le fait avec une lourdeur un peu datée. Ça tape fort, mais sans nuance, comme un slogan qui s’auto-parodie.
Au final, 99 Francs est un bon film, énergique et sincère dans sa folie, mais qui finit par se noyer dans sa propre démesure. Peut-être est-ce voulu, comme un reflet du monde qu’il dénonce : un univers où tout est trop, jusqu’à l’épuisement. On passe un bon moment, surtout si on aime les œuvres barrées et visuellement inventives, mais on ressort plus étourdi que bouleversé.