L’affiche, le pitch, les première minutes introductives ludiques et accrocheuses, tout laissait penser qu’avec A couteaux tirés nous étions en présence d’un bon vieux polar à l’ancienne, au charme suranné mais réconfortant des romans d’Agatha Christie et ses multiples rebondissements. Mais qui donc a tué Harlan Thrombey ? C’est malheureux, mais n’espérez pas vous faire surprendre par la réponse, Rian Johnson élimine bien vite tout suspense en révélant très tôt le coupable et se moquant avec cynisme du genre qu’il faisait mine d’emprunter (un peu comme il s’est moqué de la mythologie Star Wars dans Les Derniers Jedi). Oubliez alors le prometteur whodunit et l’amusant jeu de dupe qu’on était en droit d’attendre, il faut se contenter de suivre l’enquête aussi ennuyeuse que prévisible du détective Benoit Blanc (Daniel Craig, à pommettes tirées). Le scénario se concentre sur un arc simpliste gonflé artificiellement par un humour téléphoné plutôt que de travailler sur ses nombreux personnages et des intrigues complémentaires qui stimuleraient la curiosité de ses spectateurs avec des twists déroutants (qu’on guette souvent, en vain) et des révélations.
Un beau gâchis au regard de l’aguicheuses présentation de tous les protagonistes façon Cluedo et de la formidables brochettes d’acteurs qui les incarnent. Hélas, la plupart n’ont plus rien à jouer (ou à cacher) au bout d’une quinzaine de minutes. Un beau foutage de gueule dont on ne sauvera que la prestation de Ana de Armas, une jolie révélation. Et si vous recherchez l’allégorie sur la lutte des classes et la satire sociale, ne comptez pas trop sur A Couteaux Tirés, mais revoyez plutôt Godsford Park.