Critique rapide de "À couteaux tirés" :


J'ai conscience que cet avis sera impopulaire. Je ne comptais pas écrire d'avis sur ce film néanmoins je ne vois que très peu de critiques négatives donc je vais tout de même tente de clarifier ma vision des choses .Je sens les "dislikers" arriver et me prendre pour l'un des haters de Johnson mais ce n'est pas le cas bien que je n'aime pas son travail .


Le réalisateur Rian Johnson nous revient avec cette nouvelle oeuvre filmique après avoir encaissé toute une volée de flèches suite à la sortie du huitième opus de la saga Star Wars au cinéma en décembre 2017. Je n'ai pas aimé cette suite (ni la technique d'écriture de Disney plus que discutable) et j'apprécie encore moins le caractère prétentieux et dénigrant du personnage de Johnson. Cela peut sembler hors sujet cependant il est difficile d'en faire abstraction donc considérons cela au moins dis. Je précise que je ne fais tout de même pas partie des personnes boycottant le film pour le simple fait d'avoir le nom du réalisateur sur l'affiche. Si l'on veut se forger une opinion sur une oeuvre, la seule façon d'y faire face est de s'y confronter quel que soit son support artistique (peinture, cinéma, musique,...).


Que nous propose "À couteaux tirés" avant son visionnage ? : (ATTENTION SPOILERS)
Une scénario à la Cluedo (célèbre jeux de société où le but est de d'élucider un meurtre dans un manoir) le tout baigné dans un casting cinq étoile, des décors sublimes ainsi que des costumes travaillés dans leur colorimétrie et soignés.
Le long-métrage nous propose de suivre principalement la jeune domestique d'un manoir familial suite à la mort suspecte de Harlan Thrombey, le richissime patriarche et propriétaire des lieux. Ana de Armas campe le rôle de la jeune fille mais ne convainc pas. Son visage angélique convenait dans le Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve au vu de son personnage physiquement artificiel (diégétiquement parlant). Le problème est qu'ici tout dans sa caractérisation en font un personnage artificielle pour le récit. Ses réactions/expressions sont exagérées et ne sont pas aidée par le surplus de maquillage destiné aux lights du plateaux (problème qui touche à mon sens tout les acteurs du film lors des scénes intérieures) ni par la mise en scène. Cette remarque suivante est purement subjective mais je n'ai pas l'impression que le choix de l'actrice soit judicieux pour le rôle qui lui est offert. Cependant j'ai apprécie l'idée que son personnage soit incapable de mentir...si cela servait seulement concrètement le scénario (à part pour piéger le coupable cela ne sert à rien). Si chaque personnage avait un élément aussi caractéristique cela aurait pu être intéressant pour découdre l'enquête mais il n'en est malheureusement rien ici.
Concernant les autres acteurs (restons dessus étant donné que c'est l'argument vendeur principal du film), ils sont relativement bons. Ils ne sont pas excellent mais offrent des prestations correcte bien que les dialogues soient toujours prévisibles et sonnent encore une fois très creux. Jamie Lee Curtis n'a plus rien à prouver, de même pour Toni Collette qui impressionnera toujours par sa faculté à toujours frapper juste dans son jeu quel que soit son rôle. Michael Shannon propose une interprétation correct mais oubliable.
Le problème s'applique plutôt à Chris Evans. Il n'est jamais mauvais mais l'écriture du scénario, de ses répliques et le montage en font le coupable parfait de l'enquête très vite pour le spectateur. Cela sonne comme une évidence, aussi je ne vois pas pour quoi tant de gens semblent trouver le twist final si incroyable alors que la réponse est sous notre nez depuis le début et ce de façon grotesque. Daniel Craig ne fonctionne pas au sein du long-métrage, la faute à Johnson et à son écriture. En effet, si au début Craig semble être une simple caricature d'enquêteur tout juste correcte, vers le dernier tiers du film son personnage devient fondamentalement ridicule. Il perd tout d'abord son sérieux pour devenir un comique relief à la caractérisation des plus plates et devient un véritable fou lors des dernières scènes. Lors des "révélations" à la jeune domestique Craig semble en effet perdre tout sang froid, lui qui semble pourtant avoir eu à découdre de plus que cela dans sa carrière. Rien ne justifie cela et finalement le personnage donne plus l'impression de soudainement effectuer des bouffonneries (je ne sais comment qualifier cela autrement) sans queues ni têtes.


Concernant le scénario en lui-même il n'est que peu intéressant à suivre. Nous ne faisons que suivre le personnage de la domestique se croyant coupable du meurtre de Harlan tout en nous doutant que ce n'est pas elle la fautive. Pour un Cluedo cinématographique il aurait été préférable à mon sens de réussir à faire douter de chaque personnage ce qui n'est pas le cas ici. Nous pouvons très vite innocenter plusieurs suspects et une fois le personnage de Chris Evans devenant amical avec la protagoniste principal nous n'aurons plus aucun doute sur sa culpabilité.
Pour un scénario de ce genre qui pourrait marcher avec des ressort pourtant simple pour ne pas dire simplistes, Johnson décide ( à la manière d'un Star Wars 8) d'aller à contre pied de ce que pensera voir le spectateur mais échoue finalement à chaque tentatives. Rien n'est vraiment prenant, rien ne donne envie de résoudre le mystère. Rien n'est vraiment intéressant ce qui est le comble dans une enquête policière de ce type.


Quelques scènes sont plutôt pas mal en terme de comédie. Je pense notamment aux séquences suivant la révélation du testament de Harlan. Les personnages sont alors assez hilarants lors de certaines scènes faisant suite à cet événement. Cela rattrape parfois la structure très fragile du long-métrage.


Les décors ne sont jamais vraiment impressionnant. Il en va de même de même pour les costumes qui, beaux et travaillé en terme de composition sur l'affiche, sont fades et inintéressant une fois le film présenté face à nos yeux.


Finalement nous nous retrouvons face à une oeuvre se prétendant comme un canon du genre mais qui ne me donnera que l'impression d'être face à un téléfilm de dimanche pluvieux. Rien n'est innovant ou n'atteint les promesses du film, seul nous est offert une certaine prétention (avec ses bons moments) et des idéaux politiques traités n'importe comment.


Je précise encore une fois que ce n'est que mon ressentit et que je n'oblige personne à l'adopter. Sur ce Johnson, à une prochaine.

Vladimir_Delmotte
4

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes La nuit au cinéma (depuis 2015) et LE FLOP 2019

Créée

le 4 déc. 2019

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